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Libération
COP26, jour 4

Charbon, énergies fossiles et masques de poissons, ce qu’il faut retenir de ce jeudi à la COP26

Deux grands accords sur l’énergie ont marqué ce jour quatre de la COP26. Des avancées saluées par certains, qui n’ont pas empêché les militants de continuer leur protestations.
Des militants d'Ocean Rebellion protestent contre la pêche intensive à la COP26 de Glasgow, le 4 novembre. (Alastair Grant/AP)
publié le 4 novembre 2021 à 20h19

L’accord sur le charbon de mercredi soir a lancé en fanfare le thème de cette quatrième journée de COP26 : l’énergie. Une quarantaine de pays se sont ainsi engagés à abandonner le charbon à l’horizon 2030-2040. Du moins à sortir progressivement de l’électricité alimentée par ce combustible en arrêtant notamment de financer cette industrie, en grande partie responsable du dérèglement climatique. Et ceci dans un délai de dix ans pour les plus riches et de vingt ans pour les plus pauvres.

La fin du charbon semble mettre en joie le Premier ministre britannique, qui a tweeté que le monde allait dans la «bonne direction». Aurait-il oublié le projet de mine de charbon à Whitehaven, dans le nord-ouest de l’Angleterre en cours de validation ?

Ce jeudi la grande annonce que l’histoire, on l’espère, devrait retenir, porte sur les financements des énergies fossiles à l’étranger. 19 pays, parmi lesquels le Canada et les Etats-Unis, champions de l’investissement fossile, et cinq organismes, dont l’Agence française de développement (AFD) ont promis de couper les robinets financiers aux projets étrangers basés sur le charbon, le pétrole et le gaz.

Une belle avancée, ont souligné les associations de défense de l’environnement, mais insuffisante par son nombre de signataires. Greenpeace déplore l’absence de la France à la table des négociations, qui se «retrouve aujourd’hui complètement décrochée du peloton de tête de l’action climatique», dixit Clément Sénéchal, porte-parole de l’ONG. Même consternation pour Lucile Dufour, de l’Institut international du développement durable, qui qualifie ce silence hexagonal d’«opportunité manquée incohérente».

Les ultra-riches n’en font pas assez

Du côté d’Oxfam Ecosse et des militants de la justice climatique, on dénonce le «pillage» de la planète par les milliardaires. Selon de nouvelles recherches, l’empreinte carbone des 1 % des personnes les plus riches du monde sera trente fois supérieure d’ici 2030 avec ce qui est compatible pour un maintien du réchauffement climatique à moins d’1,5°C. Bref, rien de nouveau sous le soleil.

Pendant que les accords – encore insuffisants selon les experts – sont scellés, les chercheurs multiplient les annonces chocs. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a ainsi estimé que le coût de l’adaptation au changement climatique serait entre cinq et dix fois plus élevé que l’argent actuellement dépensé.

Manifestants en masque de poissons

A proximité du Scottish Event Campus, où se tient la COP26, des activistes d’Ocean Rebellion ont protesté contre la pêche industrielle. Les militants, en costard et masque de poisson, ont déversé du faux sang pour dénoncer la destruction de l’océan. Hier, des membres du groupe, habillés en sirènes, s’étaient empêtrés dans des filets de pêche devant la résidence de Nicola Sturgeon, la Première ministre d’Ecosse.

Si l’on ne présente plus Greta Thunberg, on guette avec avidité ses sorties twittoresques. Ce jeudi, la jeune femme a jugé que la COP26 était la conférence des Nations unies sur le changement climatique «la plus excluante» de tous les temps. «Ce n’est plus une conférence sur le climat. C’est un festival de greenwashing du Nord. Une célébration de deux semaines de “business as usual” et du bla-bla-bla». Une manifestation de grande ampleur est prévue vendredi à Glasgow, emmenée par la jeune suédoise. L’occasion de rappeler que la jeunesse est toujours aussi motivée à faire vraiment bouger les choses.