Les glaciers du monde pourraient perdre 76 % de leur masse dans les siècles à venir (par rapport à 2020) en cas de réchauffement de + 2,7°C (d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle), qui correspond aux engagements climatiques actuels des Etats, alerte une étude publiée le 29 mai dans la revue Science par une vingtaine de scientifiques internationaux. Une perspective très sombre qui s’accompagne toutefois d’un «message d’espoir», insiste auprès de l’AFP l’un des coauteurs, le glaciologue Harry Zekollari de la Vrije Universiteit Brussel, en Belgique.
Car en cas d’efforts pour contenir le réchauffement à + 1,5°C, conformément à l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, cette perte serait réduite de moitié (-47 %). Et limiter le réchauffement à + 2°C conduirait à une perte de -63 %. Un appel à l’action intervenu à la veille de l’ouverture, ce vendredi 29 mai à Douchanbé, capitale du Tadjikistan, d’un sommet de l’ONU dédié aux glaciers.
Perte de 39 % dans tous les cas
Mais dans tous les cas, même si le monde cessait immédiatement ses émissions de gaz à effet de serre et restait au niveau actuel de réchauffement (+ 1,2°C), les glaciers continueraient de fondre de façon conséquente, l’étude évaluant à 39 % la perte globale de leurs glaces dans un tel scénario. Et cela engendrerait une élévation d’environ 11 centimètres du niveau de la mer.
Répartis à travers le globe, les glaciers ont déjà perdu environ 5 % de leur volume depuis le début du siècle, avec de grandes disparités régionales : de -2 % en Antarctique à -40 % dans les Alpes. Dans ce massif montagneux européen comme dans les Rocheuses américaines et canadiennes, les glaciers sont davantage vulnérables en raison notamment de leur localisation, leur taille et leur altitude.
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Mercredi 28 mai, en Suisse, un effondrement glaciaire a partiellement détruit un village alpin, un événement spectaculaire dont les causes - qui pourraient être géologiques comme climatiques - restent à déterminer.
De manière générale, les conséquences de la disparition des glaces sont catastrophiques. Elévation du niveau des mers, inondation des villes côtières, augmentation des risques de glissements de terrain : la fonte des glaciers menace de nombreuses populations partout sur la planète. C’est aussi une perte de la ressource en eau qui se profile, avec le rétrécissement de ces immenses couches de glace, dû à l’activité humaine. «Chaque dixième de degré d’augmentation évité compte», insiste auprès de l’AFP Lilian Schuster, coautrice de l’étude et modélisatrice glaciaire à l’université d’Innsbruck, en Autriche.