La vague de chaleur qui a fait chauffer les salles de classe début juillet en a fait la démonstration : le bâti scolaire n’est pas prêt à faire face au réchauffement climatique. Deux mois après que plus de 2 000 établissements ont du fermer pour protéger les élèves, l’Alliance écologique et sociale souligne dans un rapport publié vendredi 5 septembre «l’impréparation de l’Education nationale», militant pour la création d’un observatoire du bâti scolaire.
Témoignages
Selon les travaux de ce collectif, emmené par Greenpeace et Oxfam côté ONG, et par le Snes-FSU et la CGT Education de l’autre, 20 à 30% des bâtiments scolaires sont «vétustes» et «inadaptés» aux événements climatiques extrêmes. Froid glacial en classe en hiver, pluie qui goutte au plafond... le constat s’étend aux conséquences de l’ensemble des aléas climatiques que peut affronter un établissement.
Pour y remédier, le collectif milite en faveur de la création d’un observatoire du bâti scolaire pour dresser un constat «établissement par établissement», et un protocole «clair et à la hauteur» à appliquer lors de canicules ou autres événements climatiques. Unr ambition qui nécessite des moyens financiers : l’organisation réclame un plan de rénovation à cinq milliards d’euros par an pendant dix ans. Ces revendications sont destinées à faire pression pour améliorer une réponse de l’Etat jugée «insuffisante» lors du dernier épisode caniculaire.
Fermer les volets «s’il y en a»
«Renvoyer chez eux les élèves systématiquement quand il fait chaud n’est pas acceptable», affirme Nicolas Nace, de Greenpeace, lors d’une conférence de presse du collectif. Il insiste sur le risque de multiplication des épisodes caniculaires, lié au réchauffement climatique. Sollicité par Libération cet été, le ministère de l’Education nationale avait enjoint les établissements à «s’en tenir aux recommandations d’usage lors des périodes caniculaires». Soit fermer les volets «s’il y en a», fermer les fenêtres, mettre de l’eau à disposition et à volonté, ou encore annuler les sorties scolaires prévues. Des mesures jugées «adaptées, pragmatiques, raisonnables» par Elisabeth Borne. «On a vu dans les enquêtes syndicales précédentes qu’on était autour de 50 % d’établissements scolaires qui n’avaient pas de protection solaire extérieure, pas de volets», balaie pourtant auprès de l’AFP Cyril Verlingue, du Snes-FSU.
Selon le délégué syndical, la vétusté dénoncée va au-delà des problèmes thermiques : «Dégradation des murs, des sols, du matériel, etc. On peut avoir de l’amiante […] des moisissures…» Des facteurs qui restent aggravants dans un contexte de dérèglement climatique. Au cours de l’été, les syndicats de professeurs exhortaient déjà les pouvoirs publics à prendre «des mesures concrètes» «pour adapter l’école au changement climatique et protéger les personnels comme les enfants».
En 2023, le gouvernement avait lancé un plan de rénovation énergétique du bâti scolaire, baptisé «EduRenov» qui devait permettre de financer 2 milliards d’euros de travaux d’ici 2027 dans 10 000 établissements. Selon l’Alliance climatique et sociale, seuls 3 000 établissements ont été rénovés en deux ans - sur plus de 58 000 au total en France - et pour des travaux qui parfois sont trop partiels.