Menu
Libération
Bilan

2024, une année pluvieuse, chaude et surtout sans soleil en France

Dans un bilan consolidé dévoilé mardi 7 janvier, Météo France annonce que 2024 est la 4e année la plus chaude jamais enregistrée, la 7e la plus pluvieuse depuis 1959. La métropole a aussi connu l’ensoleillement le plus faible depuis trente ans.
A Coulommiers (Seine-et-Marne), en octobre. 2024 figure «parmi les 10 années les plus pluvieuses» depuis 1959, avec 15 % de précipitations au-dessus de la normale. (Jerome Gilles/NurPhoto. AFP)
publié le 19 décembre 2024 à 14h45
(mis à jour le 7 janvier 2025 à 19h37)

Après deux années de sécheresse, la pluie a fait son retour en 2024 sur le territoire métropolitain. Mais à quel point ? Dans un bilan consolidé de l’année, dévoilé ce mardi 7 janvier et complétant un bilan partiel du 19 décembre, Météo France confirme que les douze derniers mois ont été bien plus humides que la normale, avec un excédent de 15 % en moyenne. Plus d’un mètre de pluie (1075 mm) ont été enregistrés depuis janvier, ce qui fait de 2024 la septième année la plus pluvieuse depuis le début des relevés en 1959.

Un temps pressentie pour battre tous les records, 2024 n’a pas détrôné 1960 et son cumul de 1 121 mm. A l’échelle des départements, seuls les Pyrénées-Orientales et l’Aude ont enregistré un déficit de pluie. Certaines villes, comme Paris (901,1 mm), Blois (905,6 mm), Le Mans (960,9 mm) ou Saint-Nazaire (1106,1 mm) n’avaient jamais connu autant de précipitations.

Le soleil aux abonnés absents

Conséquence de ce temps humide, les sols se sont gorgés d’eau «pendant huit mois de l’année [de mars à octobre, ndlr], du jamais vu depuis plus de trente ans» à l’échelle de la métropole, détaillait en décembre la présidente de Météo France, Virginie Schwarz. «A l’avenir, ce sera moins fréquent et plus court, contrairement aux sécheresses qui seront plus fréquentes et longues», nuance cependant le bilan annuel. Autre fait marquant de l’année, une première depuis trente ans : l’ensoleillement a été déficitaire de près de 10 %, avec une moitié nord du pays particulièrement touchée par la grisaille persistante.

2024, qui restera dans les mémoires comme une année maussade, fut aussi l’une des plus chaudes jamais connues. Elle se classe à la quatrième place (ex-aequo avec 2018) avec une température moyenne de 13,9 °C, supérieure d’environ 0,9°C à la normale. La partie est de l’Hexagone a connu les anomalies les plus marquées. Ici non plus, pas de record, l’année 2022 reste sur la première marche du podium. Mais en France, neuf des dix années les plus chaudes sont postérieures à 2010, «un marqueur du changement climatique», soulignait en décembre Virginie Schwarz. A l’échelle planétaire, 2024 devrait bien être la plus chaude jamais enregistrée, avec plus de 1,5°C d’anomalie par rapport à la période préindustrielle.

Malgré des températures parfois contrastées en métropole, les épisodes chauds ont été «en nombre de jours, deux fois plus nombreux que les épisodes froids», précisait la PDG de Météo France. Son organisme insiste sur le fait que la tendance est à la raréfaction des hivers froids. La fin de l’hiver a été particulièrement douce, avec notamment le deuxième mois de février le plus chaud depuis le début des mesures, puis au printemps les 25°C ont été rapidement dépassés, dès avril. L’été, lui, a été marqué par deux vagues de chaleur, une première «courte mais intense» fin juillet puis une seconde plus longue en août pendant les Jeux olympiques. «Le sud-est du pays, et plus particulièrement le pourtour méditerranéen, a connu une chaleur durable tout au long de l’été, avec notamment des températures nocturnes très élevées», ajoute Météo France. Bastia, en Haute-Corse, a par exemple connu 27 nuits consécutives à plus de 20°C. En journée, il a fait jusqu’à 41,3 °C à Cazaux (Gironde) le 11 août.

Au niveau de la chaleur, une année comme celle qui vient de s’écouler pourrait devenir la norme à moyen terme dans une France en route pour + 4°C. Et elle sera considérée comme fraîche en fin de siècle. «La température moyenne de 2024 pourrait être dépassée plus d’une année sur deux en 2050, et en 2100 elle serait quasiment systématiquement dépassée tous les ans», appuyait Virginie Schwarz.

Accumulation d’événements météo

Au final, 2024 aura été une année supplémentaire d’extrêmes très marqués. Météo France liste des dizaines d’événements météorologiques en métropole et outre-mer, dont le plus récent, le cyclone dévastateur Chido à Mayotte et ses rafales à plus de 200 km/h. «Il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver trace d’un cyclone aussi violent sur l’île aux parfums», rappelle l’organisme public. Et de noter que sa trajectoire a été assez inhabituelle, fonçant tout droit sur l’île au lieu de passer par Madagascar. En Guyane, en revanche, une sécheresse sévère se poursuit.

En métropole, saison après saison, la succession d’épisodes pluvieux remarquables a provoqué des crues et des inondations en 2024. Cela a commencé dans le Pas-de-Calais jusqu’à mi-janvier, avant de toucher au printemps le Limousin, le Centre-Val-de-Loire, la Bourgogne, la Moselle et le Bas-Rhin. En juin, le hameau de la Bérarde (Isère) a été enseveli par une crue torrentielle ; début septembre, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques ont à leur tour connu des crues rapides. En octobre, l’ex-ouragan Kirk, arrivé sous forme de tempête, a douché l’Ouest du pays et a fait déborder les cours d’eau en Seine-et-Marne et en Eure-et-Loir.

Enfin, mi-octobre, l’Ardèche a été frappée par l’épisode cévenol le plus intense de son histoire. Les pluies intenses sont un phénomène qui augmente avec changement climatique. «On observe une augmentation de 10 à 15 % selon les régions», note Virginie Schwarz. A l’avenir, «de fortes variations d’une année à l’autre, à l’instar des trois dernières années, pourront continuer de se produire», relève encore Météo France, qui s’attend dans le futur à «des contrastes saisonniers avec une hausse des précipitations en hiver et une baisse en été».

Peu après la publication de la version provisoire de ce bilan le 19 décembre, la ministre démissionnaire de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, soulignait que «face à l’emballement du climat, nous sommes en situation d’urgence absolue. Il est impératif de maintenir notre cap et de redoubler d’efforts pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique». Une manière d’appeler le Premier ministre, François Bayrou, à poursuivre le travail de planification écologique, alors qu’un nouveau gouvernement est attendu «avant Noël».

Mis à jour le 7 janvier avec le bilan consolidé.