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Libération
Réchauffement climatique

6 500 milliards d’euros investis dans les énergies fossiles depuis l’accord de Paris, les banques françaises freinent

Les géants bancaires du monde financent encore massivement le charbon, le pétrole et le gaz, dévoile un rapport d’un consortium d’ONG ce lundi 13 mai. Chez les banques françaises les montants sont néanmoins en repli.
Une manifestation en marge d'une réunion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, le 19 avril 2024 à Washington, pour réclamer notamment la fin des investissements dans les énergies fossiles. (Eric Kayne/AP)
publié le 13 mai 2024 à 11h59

Les banques restent les meilleures alliées de l’industrie fossile. Les géants bancaires mondiaux, américains et japonais en tête, ont prêté ou arrangé l’an dernier plus de 700 milliards de dollars (environ 6 500 milliards d’euros) au profit des énergies carbonées, affirme ce lundi 13 mai Reclaim Finance, un consortium d’ONG qui analyse les activités des acteurs financiers au regard de l’urgence climatique.. «Les banques doivent de toute urgence cesser de financer l’expansion pétro-gazière et privilégier des financements aux énergies soutenables pour la production d’électricité», estime Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance.

Depuis la signature de l’accord de Paris sur le climat de 2015 et les promesses des pays à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900), ce sont donc des centaines de milliards d’euros de prêts, d’émissions d’actions ou d’obligations qui sont allés aux entreprises du pétrole, du gaz et du charbon, selon la dernière édition du rapport «Banking on Climate Chaos».

BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE représentent l’essentiel des investissements français

Dans le détail, les quelque 60 établissements bancaires étudiés ont consacré l’an dernier 655 milliards d’euros à ces différentes formes de soutien financier, un montant en baisse de 9,5 % sur un an. L’américain JPMorgan occupe la première place de ce classement, avec près de 38 milliards d’euros l’an dernier (+5,4 %), devant les japonais Mizuho et MUFG, selon les données rassemblées par huit ONG, dont Rainforest Action Network, Reclaim Finance et Urgewald. Les porte-parole des banques Barclays, Bank of America, JP Morgan Chase, Deutsche Bank et Santander ont tous souligné que leurs organisations soutenaient la transition de leurs clients du secteur énergétique vers des modèles commerciaux plus durables.

Sur une note plus positive, Reclaim France remarque qu’une «des évolutions notables est la réduction des financements des banques françaises à ces entreprises» fossiles, depuis 2020. Malgré tout, la contribution des six grands établissements bancaires (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE pour l’essentiel, Crédit Mutuel et La Banque postale pour une infime partie) a été d’environ 37 milliards de dollars l’an dernier, soit environ 10 milliards de moins qu’en 2022 et 5,6 % du total. BNP Paribas, la première banque française à financer les énergies fossiles, se fixe «une cible de réduction de 70 % de ses émissions financées en valeur absolue pour le secteur pétrole et gaz» d’ici 2030, par rapport à 2022, selon une porte-parole.