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Libération
Reportage

A Blendecques, avec les premiers déplacés climatiques du Pas-de-Calais, forcés de quitter leurs maisons et leurs vies

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Des sinistrés des inondations ont vendu leurs pavillons à l’Etat, obligés de les abandonner après les trois crues de l’hiver. Un miracle administratif accompli en quatre mois grâce au fonds Barnier, mais qui laisse les habitants de tout un quartier orphelins de leurs rêves et de leurs voisins.
Jean-François Ghillebaert, président de l'association Inond’Aa, fondée après les inondations qui ont touché le quartier de l'impasse de Blendecques. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 17 août 2024 à 17h24

Une pluie d’orage s’abat sur Saint-Omer ce mercredi 31 juillet. Comme si les sinistrés des crues de l’hiver dans le Pas-de-Calais avaient besoin d’une piqûre de rappel. Le ciel a une étrange manière de saluer la vente à la puissance publique de deux premières maisons dévastées, dans le cadre du fonds «Barnier» – officiellement appelé Fonds de prévention des risques naturels majeurs – créé en 1995 pour financer les indemnités d’expropriation de biens exposés à des risques environnementaux. Le début du retour à une vie normale, espèrent les propriétaires. «On ne voulait pas partir de chez nous, on est quand même là la mort dans l’âme, explique l’un d’eux, Jean-François Ghillebaert. Ici, il ne fait pas forcément très beau, mais on se pensait à l’abri des phénomènes violents. On n’avait jamais imaginé qu’on deviendrait les premiers déplacés climatiques du Pas-de-Calais.»

Les sinistrés assistent, stoïques, émotion ravalée, à la cérémonie de signature en présence des officiels, au siège de la Capso, la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer. Celle-ci rachète leurs biens dans le cadre d’un montage financier avec le fonds Barnier. L’avantage ? Ils ne perdent pas d’argent. Les subventions versées par l’Etat à la Capso assurent un prix de vente décent pour les propriét