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Déforestation

A Mayotte, «on est en train de bousiller des forêts dont on a besoin pour protéger la ressource en eau»

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L’île, où les habitants n’ont accès à l’eau qu’un jour sur trois à cause de la sécheresse, est en proie à une forte déforestation. Ce phénomène accentue la crise car l’eau s’écoule au lieu d’être retenue par les arbres.
Un gendarme en patrouille sur une plantation illégale, près de Combani (Mayotte), le 24 mai. (Philippe Lopez/AFP)
publié le 22 octobre 2023 à 7h44

Alors que l’île s’enfonce dans une terrible crise de l’eau, la saison des brûlis démarre à Mayotte. Cette technique vise à étendre les terres cultivables en gagnant du terrain sur la forêt par l’usage du feu. Depuis plusieurs décennies, le fléau de la déforestation a fait son retour sur l’île, où 50 hectares boisés disparaissent chaque année. «On est en train de bousiller des forêts dont on a besoin pour protéger la ressource en eau», s’étrangle Michel Charpentier, président de l’Association des naturalistes de Mayotte. «Cette phase de déboisement actif aggrave le déficit de pluie et s’ajoute à la surexploitation des ressources, confirme Dominique Paget, directeur de l’Office national des forêts (ONF) à Mayotte. Si on ne fait rien, dans 15 ans, il n’y aura plus de forêt et plus d’eau.»

Car les arbres ont un rôle essentiel : ils captent les pluies pendant la saison humide et les aident à s’infiltrer grâce à leurs racines qui aèrent le sol. L’eau regagne ainsi facilement les nappes phréatiques, qui stockent le précieux liquide, avant de le relâcher