Les contradictions de Sultan al-Jaber sont multiples : magnat du pétrole et en même temps président de la COP28, mais aussi climatosceptique un jour et «homme de science» dès le lendemain. Ce lundi 4 décembre, le président émirati de la conférence de l’ONU pour le climat, qui se tient depuis le 30 novembre à Dubaï, a assuré qu’il respectait les préconisations scientifiques sur le changement climatique. «Nous sommes ici parce que nous croyons et respectons la science», a-t-il assuré. Dans une conférence de presse à laquelle il avait convié Jim Skea, le président du Giec, il a ajouté que «tout le travail de la présidence est focalisé et centré sur la science», et que «la science dit qu’il faut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et qu’il faut réduire les émissions de 43 % d’ici 2030» pour limiter le réchauffement à +1,5 °C, but fixé par l’accord de Paris.
Sultan al-Jaber s’est dit surpris par les tentatives constantes de compromettre le travail de sa présidence, en visant directement ses détracteurs qui lui reprochaient d’avoir tenu des propos climatosceptiques. Des petites phrases selon lui sorties de leur contexte et déformées, mais qui ont pourtant suscité l’émoi. Dans une vidéo diffusée par The Guardian dimanche 3 décembre et datée du 21 novembre, celui qui est aussi directeur d’Adnoc, la compagnie pétrolière nationale émiratie, tient en effet des propos inquiétants : «Il n’existe pas de données scientifiques, pas de scénario, qui indiquent que l’élimination progressive des combustibles fossiles permettra d’atteindre le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle. 1,5 °C est mon étoile du Nord. Et une réduction et une sortie des énergies fossiles sont, selon moi, inévitables. C’est essentiel. Mais il faut être sérieux et pragmatique.»
“Let’s remember why we’re all here. We’re all here because we’ve made a very clear call to action. The UAE takes this task with humility and responsibility and fully understands the urgency behind this matter. We are here because we fully believe and respect the science.” - Dr.… pic.twitter.com/KN3bM89VAz
— COP28 UAE (@COP28_UAE) December 4, 2023
Le président de la COP28 a ainsi été questionné lors de sa conférence de presse sur ces phrases semblant remettre en cause ce que le Giec et d’autres scientifiques relèvent concernant le nécessaire déclin des énergies fossiles, responsables de deux tiers des émissions actuelles. «J’ai dit et redit que la réduction et la sortie des énergies fossiles étaient inévitables. C’est la première présidence d’une COP à appeler activement les parties à proposer des formules sur l’ensemble des énergies fossiles», a martelé l’Emirati, se plaignant que les médias ne s’intéressaient pas à ce fait. Un premier faux pas pour Sultan al-Jaber, qui jusqu’ici présentait une communication bien huilée.