Les récentes pluies ont eu un double impact. Si elles ont entraîné des inondations catastrophiques dans le nord de la France, elles ont en revanche permis de remplir les nappes phréatiques, indispensables par exemple pour l’agriculture, la distribution de l’eau potable ou encore la biodiversité. Leur alimentation en eau s’est même améliorée de manière «notable» grâce aux précipitations des mois d’octobre et de novembre, annonce ce jeudi 14 décembre le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). «Cela fait presque trois ans qu’on n’avait pas connu une situation aussi favorable», souligne Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.
Seules 41 % d’entre elles restent sous les normales au 1er décembre, contre 65 % un mois plus tôt. Et près de la moitié (48 %) est même repassée au-dessus des normales de saison, alors qu’elles n’étaient que 14 % début novembre. Au total, 78 % des nappes métropolitaines sont en hausse au 1er décembre, contre 12 % en octobre. La situation est donc nettement meilleure qu’en 2022 à la même époque, lorsque 70 % des niveaux étaient sous les normales. «Seules les nappes du Languedoc et du Roussillon», où les pluies restent insuffisantes pour compenser les déficits accumulés, «conservent des niveaux plus bas qu’en 2022», note le BRGM dans un communiqué. Malgré tout, la situation reste très contrastée à l’issue du mois de novembre, selon le niveau de pluies tombées mais aussi de la nature des nappes.
💧 État des nappes d’eau souterraine au 1er novembre 2023 : la bonne nouvelle de cette fin d’année
— BRGM (@BRGM_fr) December 14, 2023
Les précipitations abondantes de fin octobre et de novembre ont eu un impact bénéfique sur les nappes pic.twitter.com/sgARQQqosy
«Les niveaux sont très favorables sur les nappes réactives des deux tiers nord», où les niveaux sont même «très hauts», et du sud-ouest, «mais restent sous les normales pour les nappes de la Corse, du pourtour méditerranéen, de la plaine de la Limagne, du couloir Rhône Saône, du sud de l’Alsace et du Bassin parisien», note le Bureau.
Record de précipitations
Des chiffres qui s’expliquent par la récente météo. Entre la mi-octobre et la mi-novembre, des cumuls de précipitations sans précédent avaient été enregistrés sur la métropole, causés par un «rail des dépressions» sur l’Atlantique, a expliqué Météo France. Sur trente jours, le pays a été arrosé par un cumul moyen de 237,3 mm de pluies. Un record. En comparaison, l’ancien record était de 187,1 mm enregistrés entre le 13 janvier et le 11 février 1988. Seuls le pourtour méditerranéen ou encore le nord-est de la Corse avaient été épargnés. De nombreuses études montrent que le réchauffement climatique entraîne une intensification des précipitations.
Décryptage
Résultat, la recharge, qui permet aux réservoirs d’eau souterrains de reconstituer leurs stocks durant l’automne et l’hiver quand la végétation est en dormance, s’est généralisée. Celle-ci, qui démarre habituellement en septembre-octobre, a été retardée cette année car les pluies ont manqué et que la végétation est restée active en raison des températures élevées tout le début de l’automne.
Concernant les prévisions pour l’an prochain, le BRGM reste prudent. Pour certaines nappes, un scénario optimiste peut se profiler si les pluies continuent de tomber. Mais pour les nappes inertielles (Artois, bassin parisien, couloir Rhône Saône) ou très dégradées (Roussillon), la reconstitution des réserves en eau apparaît «difficilement envisageable d’ici le printemps 2024», souligne le Bureau.