Menu
Libération
Réchauffement

Après un mois d’octobre record, 2023 presque assurée de devenir l’année la plus chaude

Ce mercredi 8 novembre, le service européen sur le changement climatique Copernicus fait le bilan d’un mois d’octobre marqué par de fortes anomalies de température, dans la lignée des mois précédents.
Avec une température moyenne de l’air de 15,30°C sur la planète, octobre 2023 détrône le précédent tenant du titre, octobre 2019, et le devance avec une marge élevée de 0,4°C. (Patrick Batard/Hans Lucas)
publié le 8 novembre 2023 à 4h00
(mis à jour le 8 novembre 2023 à 7h30)

Encore un mois sur la première marche du podium. Octobre 2023 a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde, annonce ce mercredi 8 novembre le service européen sur le changement climatique Copernicus. Et ce après un été et un mois de septembre déjà records. Avec une température moyenne de l’air de 15,30°C sur la planète, octobre 2023 détrône le précédent tenant du titre, octobre 2019, et le devance avec une marge élevée de 0,4°C. Totalement hors des clous, il a été plus chaud de 0,85°C que la normale (la moyenne sur 1991-2020 à cette période de l’année).

A l’échelle européenne, octobre 2023 se classe au quatrième rang, ajoute Copernicus. La France a notamment été concernée par deux épisodes de chaleur tardive successifs. 35,8°C ont été atteints à Navarrenx (Pyrénées-Orientales) le 2 octobre, une température inédite en métropole à cette période de l’année.

«Sentiment d’urgence»

«Octobre 2023 a connu des anomalies de température exceptionnelles, après quatre mois de pulvérisation des records de température mondiale. Nous pouvons dire avec une quasi certitude que 2023 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée», en déduit Samantha Burgess, de Copernicus. L’année 2023 devrait ainsi dépasser 2016, qui est pour l’heure numéro 1.

Depuis janvier, la température moyenne sur Terre dépasse les moyennes préindustrielles (1850-1900) de 1,43°C. Une surchauffe marquée qui s’inscrit dans la tendance plus longue du réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre. «Le sentiment d’urgence pour une action climatique ambitieuse en vue de la COP28 n’a jamais été aussi élevé», poursuit Samantha Burgess. Le raout international de l’ONU sur le changement climatique aura lieu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.

Plus que jamais, 2023 s’approche sur une année entière de la limite emblématique (+1,5°C) de l’accord de Paris, dont la COP28 doit établir le premier bilan officiel. L’Organisation météorologique mondiale a estimé au printemps que cette barre serait franchie pour la première fois sur 12 mois au cours des cinq prochaines années. Il faudra toutefois mesurer le 1,5°C en moyenne sur plusieurs années pour considérer le seuil atteint du point de vue climatique. Le Giec, cénacle rassemblant les experts climat mandatés par les Nations unies, prévoit qu’il le sera avec 50 % de certitude dès les années 2030-2035, compte tenu du rythme des émissions de gaz à effet de serre, essentiellement issus des énergies fossiles. Le climat actuel est considéré comme réchauffé d’environ 1,2°C par rapport à 1850-1900.

Les mesures de l’observatoire européen Copernicus remontent jusqu’en 1940 mais peuvent être comparées aux climats des millénaires passés, établis grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glaces. Ces données suggèrent que les températures d’aujourd’hui sont probablement les plus élevées depuis plus de 100 000 ans. «La vie sur la planète Terre est en état de siège», avertissaient fin octobre un groupe d’éminents scientifiques dans un rapport alarmant, constatant les «progrès minimes» des humains pour réduire leurs rejets de CO2.

La température de l’océan, qui s’envole depuis le printemps, est elle aussi restée inédite pour la saison en octobre. Le changement climatique en est le premier responsable, malgré le rôle marginal qu’a pu jouer le phénomène naturel cyclique El Niño. De retour cette année, il réchauffe les eaux du Pacifique et prend de l’ampleur actuellement. Les anomalies qu’il engendre «restent inférieures à celles atteintes à cette période de l’année lors de l’évolution des événements historiquement forts de 1997 et 2015», précise Copernicus. Il devrait connaître son maximum cet hiver et avoir un effet réchauffant aussi en 2024. Qui, du coup, pourrait être encore plus bouillante que 2023. En octobre, la sécheresse a frappé des régions des Etats-Unis et du Mexique. Tandis que de vastes étendues de la planète ont connu des conditions plus humides que la normale, souvent liées à des tempêtes et à des cyclones.

La hausse de la température océanique a pour effet d’augmenter l’intensité des tempêtes, chargées de plus d’eau évaporée. Et d’accélérer la fonte des plateformes de glaces flottantes du Groenland et d’Antarctique, cruciales pour retenir l’eau douce des glaciers et empêcher l’élévation massive du niveau de la mer. La banquise de l’Antarctique se maintient pour le sixième mois d’affilée à un niveau bas record pour la saison, 11% en dessous de la moyenne, selon Copernicus. Dans l’Arctique, au nord, octobre est le 7e minimum mensuel, 12% en dessous des moyennes.