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Libération
Hécatombe

Au Pakistan, plus de 500 personnes tuées par la chaleur

Les températures ne sont pas redescendues sous les 40 °C plusieurs jours de suite dans le sud du pays, tuant des centaines de personnes qui n’ont pas pu fuir la chaleur, ont annoncé des responsables de santé mardi 25 juin. Les morgues sont dépassées par l’afflux de corps.
Une patiente souffrant de la chaleur extrême reçoit un traitement dans un hôpital de Karachi, Pakistan, mardi 25 juin 2024. (Fareed Khan/AP)
publié le 28 juin 2024 à 20h11

La fournaise continue d’étrangler le Pakistan, causant des centaines de morts dans le sud du pays. Alors que le mercure est resté coincé au-dessus des 40 °C plusieurs jours d’affilée à Karachi, la plus grande ville de ce territoire, atteignant même les 53 °C à cause d’un fort taux d’humidité, le nombre de victimes s’alourdit de jour en jour. Les médecins ont traité des milliers personnes souffrant de coups de chaleur, ont annoncé mardi 25 juin des responsables de santé. Certaines sont même tombées inconscientes dans la ville, rapportent des médias locaux.

Faisal Edhi, directeur de la Fondation Edhi, qui gère le plus grand service d’ambulances du pays, a déclaré avoir reçu des dizaines de victimes. Alors que ces ambulances transportent quotidiennement environ 30 à 40 corps à la morgue de Karachi, ce chiffre a explosé, avec 568 corps recueillis, dont 141 rien que mardi, selon la BBC. La plupart des victimes sont des sans-abri et des toxicomanes, qui errent dans les rues sous le cagnard, a-t-il précisé.

Coupures de courant

«Nous avons quatre morgues en activité à Karachi et nous avons atteint un stade où il n’y a plus d’espace pour conserver davantage de corps», a expliqué Faisal Edhi au Times of India. «La triste réalité est que beaucoup de ces corps proviennent de zones où les coupures de courant sont fréquentes, même dans ces conditions climatiques extrêmes», a-t-il dit. En effet, les délestages d’électricité sont une pratique courante dans tout le Pakistan pour tenter de préserver l’approvisionnement. Les conséquences des températures élevées sont aggravées par ces coupures, empêchant les ventilateurs et la climatisation de tourner.

«La plupart des personnes que nous avons vues entrer à l’hôpital avaient entre 60 et 70 ans, même si certaines avaient environ 45 ans et même quelques-unes dans la vingtaine», a aussi certifié à la BBC le Dr Imran Sarwar Sheikh, le chef du service des urgences. Les symptômes du coup de chaud sont des vomissements, de la diarrhée et une forte fièvre. «Beaucoup de ceux que nous avons vus travaillaient à l’extérieur. Nous leur avons conseillé de boire beaucoup d’eau et de porter des vêtements légers», a poursuivi le médecin.

Karachi n’est pas la seule ville du Pakistan à avoir sombré dans la fournaise. En mai, c’est toute la province du Sind - dont Karachi est la capitale - qui a enregistré une température presque record de 52,2 °C. De l’autre côté de la frontière, en Inde, la capitale Delhi subit également une vague de chaleur «sans précédent», avec des températures quotidiennes dépassant les 40 °C depuis mai, atteignant un pic à près de 50 °C. Les médecins de la ville affirment n’avoir jamais rien vu de semblable.

Pour Mohammad Zeshan, résident de Karachi, le problème est clair. «C’est dû au changement climatique», a-t-il affirmé. «Cela se produit partout dans le monde. Cela se produit en Europe. Ils ont été confrontés à une chaleur intense mais ils ont pris des mesures pour y faire face. Mais ici, le gouvernement ne prend aucune mesure efficace», a-t-il déploré. La vague de chaleur qui frappe Karachi devrait durer jusqu’à la semaine prochaine. Ce genre d’événement météorologique extrême est rendu plus fréquent et plus intense en raison du changement climatique.

Selon un groupe d’experts de la Banque mondiale sur le changement climatique, le climat du Pakistan se réchauffe beaucoup plus rapidement que la moyenne mondiale, avec une augmentation potentielle de 1,3 °C à 4,9 °C d’ici les années 2090 par rapport à la base de référence 1986-2005. Le pays, qui est l’un des plus vulnérables au monde au changement climatique, risque également de connaître des pluies de mousson plus abondantes, en partie à cause de ses immenses glaciers septentrionaux, qui fondent à mesure que les températures augmentent.

Cette année, la mousson commencera en juillet et provoquera des inondations soudaines, selon les autorités pakistanaises. Toutefois, les pluies de cette année ne devraient pas être aussi abondantes que celles de 2022, lorsque les flots dévastateurs ont tué 1 739 personnes, détruit 2 millions d’habitations et recouvert jusqu’à un tiers du pays. Ces inondations avaient coûté 30 milliards de dollars de dégâts. Bien que le Pakistan contribue pour moins de 1 % aux émissions de carbone dans le monde, le pays subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique.