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Autoroute A69 : les «écureuils» se perchent à Bruxelles pour «alerter» l’Europe

Depuis lundi matin, deux opposants au projet qui doit relier Toulouse et Castres occupent un érable en face du Parlement européen. Avec le militant Thomas Brail, ils tentent d’alerter sur le sort de leurs camarades du Tarn qui campent sur le chantier autoroutier.
Deux militants écologistes établissent un campement dans un arbre près du Parlement européen à Bruxelles, le 18 mars 2024, pour protester contre le projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres, dans le sud-ouest de la France. (Kenzo Tribouillard/AFP)
publié le 18 mars 2024 à 18h02

Les «écureuils» s’exportent en Belgique. Depuis 4 heures du matin ce lundi 18 mars, deux militants écologistes du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), fervent opposant au projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, sont perchés sur un érable près du Parlement européen à Bruxelles. Les deux hommes, accompagnés par le militant écologiste Thomas Brail, resté lui au pied de l’arbre, entendent donner de la voix pour «faire respecter les droits» des opposants au projet qui campent depuis plusieurs semaines dans des arbres dans le Tarn.

«On se trouve ici pour alerter sur le traitement des militants qui sont perchés actuellement sur le tracé de l’A69» et dont «les conditions sont déplorables», lâche «Jibon», surnommé ainsi en référence aux singes gibbons. «En France, on a passé toutes les étapes, on a fait monter l’info au plus haut niveau et ça n’a rien donné, se désole-t-il. Les copains mangent des bourgeons, du sel et du sucre. On demande que l’Europe se positionne pour faire respecter les droits de l’homme et la loi française.»

«Ce sera très difficile de nous déloger»

Depuis début novembre, des activistes ont élu domicile dans les branches au lieu-dit la Crémade, un petit bois de 1 500 mètres carrés à Saïx, pour empêcher leur abattage dans le cadre du chantier de l’A69. Alors qu’une ZAD commençait à prendre forme, la situation a brutalement évolué mi-février quand les gendarmes ont tenté de les extraire de force de la zone. D’après le témoignage de militants présents sur place, joints par téléphone, les forces de l’ordre les empêchent depuis lors de se ravitailler en eau et en nourriture, détruisent leur matériel de cordistes et les privent de sommeil.

Alerté, le rapporteur spécial de l’ONU pour les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, s’est rendu sur place pour enquêter les 22 et 23 février avant d’exhorter les autorités françaises à mettre en place «des mesures immédiates» pour protéger les activistes occupant pacifiquement les arbres dont «l’autorisation sans délai et sans entrave du ravitaillement en nourriture et en eau potable». Sollicitée par Libération, la préfecture du Tarn dément catégoriquement les allégations des militants et réfute les observations du rapporteur spécial de l’ONU.

«M. Forst a clairement rappelé au préfet du Tarn et à l’Etat qu’ils devaient autoriser les ravitaillements des personnes dans les arbres, on est venu ici» pour signaler à l’Union européenne «que ce serait bien de rappeler à la France qu’elle a des obligations à tenir», tance Thomas Brail, fondateur du GNSA. «Les actions sur le terrain ont aussi pour but de retarder les travaux» en attendant que «soient jugés quatre recours sur le fond, qui démontreront clairement que ce projet n’a aucune utilité, ajoute-t-il, au pied de l’arbre bruxellois où sont perchés les deux activistes. Tant qu’on n’a pas obtenu ce que l’on veut, on restera dans les arbres, ce sera très difficile de nous déloger.»