La demande est tombée dans l’oreille d’un sourd. Malgré l’avertissement du rapporteur spécial des Nations unies, qui a demandé jeudi aux autorités françaises «l’autorisation sans délai et sans entrave du ravitaillement en nourriture et en eau potable» des militants, les gendarmes ont empêché un tel ravitaillement ce vendredi 1er mars. A l’aide de gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre ont dispersé des manifestants venus tenter d’apporter de la nourriture, des produits d’hygiène et de l’eau à des opposants à l’autoroute A69 qui campent dans des arbres à Saïx, dans le Tarn.
Reportage
«On a le devoir de donner à manger et à boire à des personnes qui depuis quinze jours en sont privées», a affirmé aux forces de l’ordre l’un de ces opposants au projet d’autoroute Toulouse-Castres. Mais les dizaines de manifestants, qui ont tenté d’avancer en direction des arbres, se sont vues refuser l’accès par les gendarmes.
Le rapporteur spécial de l’ONU sur la protection des défenseurs de l’environnement, Michel Forst, qui s’est rendu dans le Tarn les 22 et 23 février, a réclamé «une enquête et des sanctions pour les actes de privation de sommeil, de combustion de matériaux, d’allumage de feux et de déversement de produits a priori inflammables par les forces de l’ordre, qui ont pu mettre en danger la vie» de ces militants, baptisés «écureuils», qui campent dans des arbres pour bloquer le chantier de la future autoroute. Le préfet du Tarn a quant à lui affirmé avoir donné à Michel Frost «toutes les explications sur l’intervention des forces de l’ordre à Saïx», lesquelles «démentent formellement les allégations qu’il rapporte», regrettant «qu’il n’en ait tenu aucun compte».
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Les opposants à l’A69 ont saisi en urgence la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) afin de faire cesser «les méthodes» des autorités françaises contre les manifestants. La Cour a transmis des questions au gouvernement français et statuera ce lundi 4 mars sur cette demande.