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Happening

Aux Beaux-Arts de Lyon, des militantes jettent de la soupe sur un tableau de Monet pour alerter sur la «crise climatique et sociale» à venir

Les activistes à l’origine de l’action font partie du collectif Riposte alimentaire. Le 28 janvier, le même mouvement avait mené une action au Louvre en aspergeant «la Joconde» de soupe au potiron.
Deux militantes de Riposte alimentaire ont aspergé de soupe le tableau «Printemps» de Claude Monet ce samedi 10 février au musée des Beaux-Arts de Lyon. (Riposte Alimentaire @riposte_alim)
publié le 10 février 2024 à 18h51

Après la Joconde, Printemps de Claude Monet à son tour aspergé de soupe. Ce samedi 10 février, vers 15 h 30, deux militantes écologistes du collectif Riposte alimentaire se sont rendues au Beaux-Arts de Lyon pour s’en prendre au tableau. «Ce printemps sera le seul qui nous restera si nous ne réagissons pas. Que vont peindre nos futurs artistes ? A quoi rêverons-nous s’il n’y a plus de printemps ?» ont ensuite clamé les deux jeunes femmes devant la peinture. Un happening filmé et publié sur X (anciennement Twitter) par le mouvement dont elles font partie. Le musée a annoncé avoir porté plainte. La ville, elle, envisage également de faire de même.

Sur X, Riposte alimentaire a justifié cette action par la volonté d’«alerter sur la crise climatique et sociale à venir. Selon l’observatoire européen Copernicus, la planète a connu pour la première fois un réchauffement de plus de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, sur une période de douze mois». Le collectif d’activistes dénonce le rôle de l’agriculture dans «la détérioration de notre biodiversité et […] l’appauvrissement des sols».

Le collectif a de nouveau fait connaître sa revendication : «l’intégration de l’alimentation dans le régime général de la Sécurité sociale». Une demande inspirée du collectif Sécurité sociale de l’alimentation. L’objectif est de créer de nouveaux droits sociaux visant notamment à assurer un droit à l’alimentation, alors que les activistes dénoncent un accès de plus en plus difficile à «de la nourriture saine et abondante».

Grégory Doucet, le maire de Lyon, n’a pas tardé à réagir dans une publication sur X : «Je regrette l’action menée ce jour au musée des Beaux-Arts de Lyon contre une toile de Monet. Tout mon soutien aux équipes, contraintes de fermer une partie du musée», a-t-il écrit, ajoutant néanmoins que «face à l’urgence climatique, l’angoisse est légitime. Nous y répondons par une action résolue».

Auprès de BFM TV Lyon, l’adjointe à la culture de la ville, Nathalie Perrin-Gilbert, a quant à elle estimé que «ces actions sont contre-productives pour le message que ces militants veulent faire passer. Je condamne donc ces actes. Le tableau sera examiné par un restaurateur, on ne sait pas s’il est endommagé […]. La vitre n’est pas étanche à l’instar de la Joconde».

Soupe au potiron pour «la Joconde»

Le 28 janvier, la peinture la plus célèbre du monde, la Joconde de Léonard de Vinci, avait elle aussi eu droit à un relooking à la soupe. Deux militantes du même collectif, Riposte alimentaire, l’avaient dissimulée dans un thermos à café afin d’entrer dans le Louvre et d’asperger la vitre blindée du tableau. «Qu’est-ce qu’il y a de plus important ? L’art ou le droit à une alimentation saine et durable ?» ont-elles interpellé, à deux voix, devant l’œuvre.

Une action qui avait été condamnée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X : «La Joconde, comme notre patrimoine, appartient aux générations futures. Aucune cause ne peut justifier qu’il soit pris pour cible.» Cette action visait à mettre en lumière un «système agricole […] malade», à l’image de celle qui a eu lieu à Lyon ce samedi.

Ce mode d’action a été employé à plusieurs reprises par des activistes dans plusieurs musées à travers le monde. Soigneusement protégée depuis 2005, la Joconde avait ainsi été la cible d’une tarte à la crème en mai 2022. Quelques mois plus tard, en octobre de la même année, deux jeunes femmes du groupe Just Stop Oil avaient également projeté le contenu de deux boîtes de soupe à la tomate sur le tableau de Van Gogh les Tournesols à la National Gallery à Londres, avant de se coller au mur en criant : «Qu’est-ce qui vaut le plus, l’art ou la vie ?»

Des militants ont également collé leurs mains sur une peinture de Goya à Madrid, maculé de peinture rouge et noire la cage de plexiglas entourant la Petite Danseuse de 14 ans de Degas à Washington, ou encore étalé de la purée de pommes de terre sur un chef-d’œuvre de Claude Monet à Potsdam, près de Berlin.

Mise à jour : ajout à 19 h 40 de la plainte du musée.