Menu
Libération
Gueule de bois

Avec 237 millions d’hectolitres, la production mondiale de vin a chuté de 10 % en 2023

Les chiffres en berne de la viticulture mondiale, présentés ce jeudi par l’Organisation internationale du vin, sont dus aux épisodes climatiques extrêmes de 2023 mais aussi à la consommation qui a reculé de 3 %.
La récolte mondiale a particulièrement souffert en Italie en 2023 (-23 % à 38 millions d’hectolitres). (Manuel Romano/NurPhoto. AFP)
publié le 25 avril 2024 à 21h11

Le secteur titube : les vignerons du monde ont réalisé en 2023 leur plus faible vendange depuis 1961 ! Avec 237 millions d’hectolitres, la récolte mondiale a particulièrement souffert en Italie (-23 % à 38 millions d’hectolitres) et en Espagne (-21 % à 28 millions d’hectolitres) alors qu’elle a légèrement progressé en France (+4 % à 48 millions d’hectolitres), permettant à l’Hexagone de devenir, de loin, le premier producteur de vin au monde.

La récolte a aussi chuté de 11 % au Chili, de 26 % en Australie et de 10 % en Afrique du Sud, les trois plus gros producteurs de l’hémisphère sud. Alors que les vendanges s’y terminent, la production dans cette zone devrait malgré tout rebondir de 5 % en 2024, selon les premières estimations de l’Organisation internationale du vin.

Pluies, grêles et inondations en Italie

Cette dégringolade est la conséquence directe de «conditions environnementales extrêmes» ayant touché aussi bien l’hémisphère nord que l’hémisphère sud, a indiqué le directeur de l’Organisation internationale du vin, John Barker. L’Italie a été particulièrement impactée en 2023 : entre des pluies favorisant l’apparition du mildiou dans les régions du centre et du sud, de la grêle et des inondations, la chute de la production dans la botte - à son plus bas niveau depuis 1950 - «a clairement été lié aux conditions météorologiques», et donc normalement momentané, a expliqué John Barker.

Les fléaux ayant touché la vigne cette année sont très disparates et l’influence du changement climatique n’est pas établie dans tous les cas de figure. Des phénomènes comme l’artificialisation de sols en Italie ont par exemple pu y aggraver les conséquences des pluies. Reste que «le plus grand défi actuellement pour le secteur est le changement climatique», qui «affecte sévèrement la vigne, une plante pérenne souvent cultivée dans des zones vulnérables», a estimé John Barker.

La consommation au plus bas depuis 1996

Du côté des buveurs, la consommation a reculé l’an dernier de 3 % à 221 millions d’hectolitres, son plus bas niveau depuis 1996, confirmant ainsi une tendance à la baisse depuis 2018 (avec un sursaut en 2021 dû à la levée des principales restrictions liées au Covid). Cette tendance est en partie liée à l’inflation, qui a augmenté les coûts de production et donc les prix de la bouteille ou du cubi de vin, tout en réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs. La consommation a aussi fortement baissé en Chine (-25 %), affectée par un ralentissement économique.

La moindre demande est également «motivée par les changements démographiques et de mode de vie», a reconnu John Barker. «Mais il est difficile de déterminer avec précision dans quelle mesure la récente baisse de la consommation est un reflet du marché à court ou à long terme», a-t-il ajouté. Les Portugais, les Français et les Italiens sont, par habitant, les plus gros consommateurs.

Les exportations de vin ont, elles, reculé de 6 % en volume à leur plus faible niveau depuis 2010, avec moins de bouteilles, de cubis ou de vrac sortant du Chili, d’Afrique du Sud ou de France. Selon l’OIV, certains acheteurs ont pu être dissuadés par le prix moyen à l’exportation, qui a grimpé à 3,62 euros par litre, un record, et 29 % de plus qu’en 2020.

L’Inde fait son entrée dans le top 10 des plus grands vignobles au monde

La surface consacrée à des vignes, pour la production de vin ou de raisins de table, a pour sa part reculé pour la troisième année consécutive, de 0,5 % en 2023 à 7,2 millions d’hectares. En France, où le gouvernement a subventionné des programmes de distillation et d’arrachage pour faire face à de la surproduction dans certaines régions, elle a baissé de 0,4 %. La surface a en revanche augmenté de 3 % en Inde, qui fait son entrée dans le top 10 des plus grands vignobles au monde.