La France en surchauffe. Malgré un épisode de froid et de neige qui a ravivé nos hivers d’antan, le mois de janvier 2024 reste supérieur aux températures normales de saison, selon le bilan mensuel de Météo France publié ce jeudi 1er février. Les chaleurs printanières à la fin du mois placent janvier 2024 à +0,6 degré par rapport aux températures des années 1991-2020, marquant une série de 24 mois consécutifs sans passer sous ces normales. «Depuis février 2022, tous les mois ont été au-dessus des normales, excepté avril 2023», qui était pour sa part tout juste conforme aux températures attendues pour la saison, a indiqué l’établissement météorologique.
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Cette série de 24 mois est d’autant plus notable que les normales de saison sont établies sur les températures moyennes des trois précédentes décennies, pourtant déjà plus élevées que le climat de l’ère préindustrielle. Elle illustre le changement progressif de notre perception d’une météo habituelle. «Cette séquence douce va se prolonger durant la première partie de février, probablement jusqu’en milieu de mois, acquérant ainsi probablement un caractère remarquable par sa durée à l’échelle du pays», préviennent les prévisionnistes.
Menace de lourdes pertes agricoles
Cette douceur au mois de janvier, qui marque normalement le cœur de l’hiver, se remarque en altitude, les sommets blancs des montagnes se faisant plus rares. Dans un autre bulletin publié mercredi, Météo France souligne qu’à l’observatoire du Pic du Midi, à 2 880 mètres dans les Hautes-Pyrénées, «on a enregistré une série inédite de 6 jours consécutifs sans gelées du 24 au 29 janvier». Auparavant, les séquences sans températures relevées en dessous de zéro degré en janvier n’avaient jamais dépassé trois jours d’affilée.
Ces chaleurs hivernales devraient entraîner des floraisons prématurées d’une partie de la végétation, faisant peser la menace de lourdes pertes agricoles en cas de gel marqué ces prochains mois, comme le faisait remarquer l’agroclimatologue Serge Zaka sur X il y a quelques jours. La douceur a également aggravé la sécheresse des sols déjà présente sur le littoral méditerranéen, tout particulièrement en Roussillon, dans les Pyrénées-Orientales. Serge Zaka, lui, parle même de «désertification» du territoire.
Les Pyrénées-Orientales vive une forme de "désertification". Nous assistons probablement à la 1ère catastrophe agricole et environnementale de sécheresse majeure due au changement climatique à savoir une mortalité accrue de l'ensemble des espèces présentes sur le territoire. pic.twitter.com/7Ydh9WoiYm
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) January 31, 2024
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui se penche pour sa part sur les nappes souterraines, a aussi alerté récemment sur les risques pour ce département à l’activité agricole et touristique importante, qui a subi de nombreuses restrictions d’usages de l’eau l’an dernier en raison de la sécheresse. Il sera «difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes du Roussillon et d’observer des niveaux au-dessus des normales d’ici le printemps 2024», alertait ainsi le BRGM dans son dernier bulletin.
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Résultat, le mois de janvier a connu des précipitations inférieures de 20 % par rapport aux normales de saison, avec des situations très contrastées selon les régions. Le nord du pays, en particulier le département du Pas-de-Calais, a connu au début du mois des inondations historiques, certains habitants se retrouvant une nouvelle fois les pieds dans l’eau.
Météo France ne fait pas le lien entre cette vague de douceur spécifique et le changement climatique. Toutefois les climatologues ont établi que les vagues de froid sont moins nombreuses et moins sévères dans un climat qui se réchauffe sous l’effet de la combustion massive des énergies fossiles. Les vagues de chaleur sont pour leur part plus fréquentes et plus sévères, et ne se limitent plus à la simple saison estivale.