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Vive l'avant ?

Avec le réchauffement des températures, les hivers perdus entre amnésie et nostalgie

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Parce qu’elle affecte moins notre quotidien que la sécheresse ou les inondations, la gravité de la raréfaction du froid en France est difficile à appréhender pour une grande partie de la population, notamment les moins de 30 ans qui n’ont presque pas connu d’hivers intenses.
La promenade des Anglais à Nice, le 8 janvier 1985. (Eric Gaillard/AFP)
publié le 17 janvier 2024 à 6h31

Hiver 1956. Paris est tout blanc, recouvert d’un épais manteau floconneux. Sur les berges, des hommes, pioche en main, s’attaquent à la Seine glacée pour libérer les barques prises au piège. La Côte d’Azur et Bordeaux croulent sous près d’un mètre de neige et, partout où elles ne sont pas figées, les rivières charrient des glaçons. Le froid tuera 170 personnes, cette saison-là. Un épisode exceptionnel par sa durée et son intensité. Depuis, d’autres hivers ont été particulièrement rigoureux, comme ceux de 1963 ou 1985, apportant les derniers grands froids dans le pays. Loin, très loin de ce que la France traverse en ce début janvier. Car peu à peu, le réchauffement climatique amenuise le frimas, moins mordant, moins persistant qu’autrefois. Les dix hivers les plus intenses depuis 1900 ont été observés il y a plus de cinquante ans, note Météo France. Et les souvenirs de cette époque s’en trouvent profondément modifiés.

Ainsi fond fond fond…

«Il y a une forme d’amnésie générationnelle, puisque les personnes de moins de 30 ans n’ont connu presque aucune vague de froid, souligne l’écologue Philippe J. Dubois, auteur de la Grande Amnésie écologique (Delachaux & Niestlé, 2012). On oublie facilement les choses qui nous concernent peu. Le cerveau, en se mettant à jour, écrase les év