Le couperet est tombé : neuf militants écologistes de Greenpeace ont été condamnés ce jeudi 22 février par le tribunal correctionnel de Bobigny à des amendes de 700 à 1 200 euros pour avoir partiellement repeint en vert un avion d’Air France à Roissy en 2021. Estimant ainsi que l’urgence climatique ne justifiait pas ce genre d’action de désobéissance civile. Une seule des neuf prévenus, âgés de 22 à 59 ans, était présente à la lecture de la décision, sensiblement conforme aux réquisitions du procureur en répression des infractions de dégradation et entrave à la navigation d’aéronef qui leur étaient reprochées.
Huit des neuf prévenus ont aussi été condamnés à 100 euros d’amende pour avoir refusé de se soumettre aux prélèvements ADN lors de leur garde à vue. En plus de ces amendes, modulées selon les éventuelles condamnations antérieures pour désobéissance civile des prévenus, le tribunal a également condamné l’ensemble du groupe à une interdiction de paraître aux aéroports de Roissy et du Bourget pendant trois ans, sous peine d’emprisonnement ferme.
«Très mauvais signal»
Une décision grave, selon le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard. «La peine d’interdiction de paraître dans ces aéroports sous peine d’emprisonnement ferme envoie un très mauvais signal, en privant de facto des militants de leur liberté de circuler», a-t-il réagi dans un communiqué.
L’avocate de ces membres de Greenpeace, Me Marie Dosé, a annoncé envisager faire appel du jugement. «Les poursuites judiciaires ne sauraient être utilisées pour museler des militants qui agissent en responsabilité face à l’urgence climatique», a-t-elle réagi dans un communiqué. «Les juges ont balayé la défense des militantes, des militants et de l’association sur la liberté d’expression et l’état de nécessité, témoignant d’un refus judiciaire de s’adapter au contexte d’urgence climatique lorsque des prévenus agissent pour l’intérêt général», a abondé Jean-François Julliard. Il dénonce cette condamnation qui «s’inscrit dans la ligne répressive des préfectures de police et du ministère de l’Intérieur contre les militants écologistes.»
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Le 5 mars 2021, ces membres de l’ONG avaient escaladé le grillage du tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle puis partiellement repeint en vert un Boeing 777-200 d’Air France qui y stationnait. Une dizaine de minutes après leur effraction, ils avaient été interpellés par la gendarmerie des transports aériens, chargée de sécuriser les pistes de l’aéroport.
Les militants comptaient par cette action dénoncer le «greenwashing» du gouvernement sur les enjeux environnementaux autour du trafic aérien. Questionnée par le président du tribunal lors de l’audience, le 8 février, une des prévenus a souligné qu’il ne leur plaisait «pas de commettre des infractions pour dénoncer les problèmes publics comme le changement climatique mais il se trouve qu’on n’est pas entendu».
2,6 % des émissions de gaz à effet de serre
De fait, l’aviation commerciale représentait 2,6 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde en 2018, note le cabinet de conseil Carbone4. Rien que la combustion du carburant correspond à environ 1 milliard de tonnes de CO2 sur une année, soit l’équivalent des émissions du Japon.
De son côté, Air France a chiffré son préjudice à 60 000 euros, intégralement pris en charge par son assurance. Ayant tous reconnu les faits à l’audience, chacun des neuf prévenus a également été condamné à verser un euro symbolique à Air France et à Aéroports de Paris, au titre du préjudice d’image.