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Libération
Saison des feux

Bombardiers Dash, pompiers mobilisables, surveillance accrue… Quel arsenal pour la lutte contre les incendies ?

Après plusieurs étés compliqués, les autorités ont rehaussé leurs dispositifs en cas de gros incendies et pour prévenir les départs de feu.
Des Canadair survolent Marseille, le 8 juillet 2025. (Alexandre Dimou/REUTERS)
publié le 9 juillet 2025 à 9h24

Marseille, Narbonne… Les incendies se succèdent dans le Sud, alors que s’ouvre une saison estivale annoncée comme «à haut risque» mardi par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Pour tenter de faire face à ces feux violents boostés par la sécheresse, un important dispositif de lutte a été déployé. Moyens terrestres et aériens prépositionnés, surveillance et réactivité accrues, renforts de personnel… Tour d’horizon des moyens et effectifs dont disposent les autorités.

Analyse des risques renforcée

Chaque matin, en s’appuyant notamment sur la météo des forêts, la Sécurité civile fait le point pour identifier les secteurs les plus à risques sur le territoire pour les prochaines quarante-huit heures : cette analyse permet d’anticiper les dispositifs terrestres et autres moyens aériens de façon adaptée, explique la Sécurité civile.

Plan d’«attaque massive» : prévenir et attaquer les feux de forêts

«Tout feu doit être attaqué dans les dix minutes suivant sa détection pour pouvoir être contenu», avait expliqué la Sécurité civile dans sa campagne de prévention des feux de forêt, publiée début juin.

Grâce à cette doctrine d’attaque des feux naissants, l’immense majorité des incendies restent très limités : depuis le 1er janvier, sur 5 900 départs de feu, 85 % n’excèdent pas un hectare, selon la même source. Et si un feu n’est pas stoppé, la Sécurité civile met alors en place un plan d’«attaque massive», en déployant d’importants moyens.

Autour de 15 h 30 mardi, quelques heures après le départ du feu près de Marseille, cinq avions Canadair, deux avions gros-porteurs – des Dash, plus rapides et avec une capacité supérieure que le Canadair, mais dépendants du ravitaillement au sol contrairement à ce dernier – luttaient contre les flammes, accompagnés d’un hélicoptère bombardier d’eau et de trois autres hélicoptères départementaux.

D’importants moyens aériens

La Sécurité civile dispose actuellement sur le territoire national de huit avions Dash, spécialisés notamment dans l’attaque des feux naissants, et de 11 avions Canadair CL-415 en activité (sur les 12 que compte normalement la flotte). Ces avions disposent de la capacité d’emport la plus importante de la flotte aérienne : 6 000 litres.

Trois Beech, des avions d’investigation pour rendre compte de la situation, complètent ce dispositif. Pour l’été 2025, l’Etat a aussi loué 16 appareils, jusqu’à 10 hélicoptères et six avions.

Où sont localisés ces appareils ?

Plusieurs appareils, avions et hélicoptères, ont été prépositionnés dans le Sud-Ouest et le Midi, zones les plus à risques. Dix Canadair, sept Dash et trois Beech sont prépositionnés sur la base de Nîmes-Garons (Gard), où est installé le Centre national de coordination avancée de la Sécurité civile qui décide de l’ensemble des moyens terrestres et aériens pour le territoire métropolitain.

Quatre hélicoptères sont eux prépositionnés entre Avignon et Carcassonne. Dans le Sud-Ouest, un Dash et six avions bombardiers sont à Bordeaux et un hélicoptère à Jonzac (Charente-Maritime). En fonction des risques et des incendies en cours, les avions et hélicoptères peuvent être déployés ailleurs en métropole, précise la Sécurité civile.

Pour se ravitailler en eau ou en retardant, les avions bombardiers peuvent compter sur 24 stations d’avitaillement réparties sur l’ensemble du territoire, de Méaulte (Somme) à Marignane, près de Marseille, en passant par Vannes (Morbihan) ou Epinal (Vosges).

Plus de 250 000 sapeurs-pompiers mobilisables

Pour lutter contre les feux, les moyens aériens seuls ne peuvent suffire, il faut aussi s’appuyer sur les effectifs au sol, souligne le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Eric Brocardi. La Sécurité civile confirme, de son côté, s’appuyer sur les moyens locaux des Sdis, les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), au maillage territorial très fin.

Les sapeurs-pompiers sont plus de 250 000 en France, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur fin 2023 : 78 % sont volontaires, 17 % professionnels et 5 % militaires. Environ 4 000 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ainsi que 500 véhicules sont mobilisables par la Sécurité civile dans le cadre du principe de la «solidarité nationale» permettant de les déployer dans les zones concernées, en appui des effectifs déjà sur place.

Les «feux en simultané» sont d’une «manière générale» source d’inquiétude, souligne Eric Brocardi., qui constate : «Quand on dit aujourd’hui qu’on n’a pas assez de moyens humains, c’est parce que la disponibilité du volontariat n’est plus suffisante.»