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Reculade

Brésil : feu vert pour une nouvelle exploration pétrolière au large de l’Amazonie

Le président brésilien Lula, en faveur du projet validé ce lundi 20 octobre, affirme que l’argent du pétrole peut servir à financer la transition énergétique. Le forage est autorisé pour une durée de cinq mois, à 175 kilomètres de la côte.

En février, une note technique recommandait de refuser le projet, soulignant le risque de «perte massive de biodiversité dans un écosystème marin hautement sensible». (Mauro Pimentel/AFP)
Publié le 20/10/2025 à 19h11

A rebours de toutes les recommandations scientifiques, la compagnie pétrolière publique brésilienne Petrobras a annoncé ce lundi 20 octobre avoir obtenu l’autorisation d’explorer en quête de pétrole au large de l’Amazonie.

Ce projet est poussé par le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui accueillera la conférence climat de l’ONU en novembre dans la ville amazonienne de Belem. «Petrobras a satisfait à toutes les exigences établies par (l’organe public de surveillance) Ibama, respectant intégralement le processus de licence environnementale», a détaillé le géant pétrolier dans un communiqué.

Concrètement, la compagnie a obtenu une licence «pour le forage d’un puits d’exploration» situé «en eaux profondes à 500 km de l’embouchure de l’Amazone et à 175 km de la côte». Il se trouve dans une vaste région maritime nommée Marge Equatoriale, où le Guyana et le Suriname ont déjà découvert d’énormes réserves de pétrole.

«Nous espérons obtenir d’excellents résultats et prouver l’existence de pétrole dans la partie brésilienne de cette nouvelle frontière énergétique mondiale», a déclaré la présidente de Petrobras, Magda Chambriard, citée dans le communiqué. Selon la compagnie, le forage doit débuter «immédiatement, pour une durée de cinq mois», à l’aide d’une sonde déjà présente sur place.

L’exploration de cette nouvelle frontière pour le pétrole brésilien est fustigée par les défenseurs de l’environnement, qui accusent Lula de contradiction. Ce dernier, qui se veut à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique et pour la défense de l’Amazonie, argumente que l’argent du pétrole peut servir à financer la transition énergétique.

Capacité à réagir à une marée noire

L’Ibama avait refusé à Petrobras une licence d’exploration en 2023, estimant que la compagnie n’avait pas présenté les garanties nécessaires pour protéger la faune en cas de fuite de pétrole. Petrobras a présenté un recours pour que cette décision soit reconsidérée, et la pression a augmenté de la part de Lula, qui a déclaré il y a quelques mois que l’Ibama était une agence gouvernementale agissant comme si elle était «contre le gouvernement».

En février, une note technique de l’Ibama recommandait de «refuser la licence environnementale», soulignant le risque de «perte massive de biodiversité dans un écosystème marin hautement sensible». L’approbation de la licence a eu lieu après des tests pré-opérationnels réalisés par Petrobras en août pour montrer sa capacité à réagir à une éventuelle marée noire.

Le Brésil est le huitième producteur mondial de pétrole avec 3,4 millions de barils par jour en 2024. La moitié de son énergie provient cependant de sources renouvelables.