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Réchauffement climatique

Incendies : 2,7 millions d’hectares ont déjà brûlé en 2023 au Canada

Le Canada est en proie à 210 feux actifs dont 82 hors de contrôle. Au centre des inquiétudes, la province de la Nouvelle-Ecosse a réclamé l’aide de l’armée et des Etats-Unis, alors que la région a dû évacuer 20 000 habitants.

Vue aérienne des incendies dans le comté de Shelburne, en Nouvelle-Ecosse, au Canada, mercredi. ( Nova Scotia Government/AFP)
Publié le 01/06/2023 à 9h18, mis à jour le 02/06/2023 à 11h44

Plus de 210 feux actifs dont 82 sont hors de contrôle sur tout le territoire du Canada. Désormais, c’est la Nouvelle-Ecosse, dans l’est du pays, qui est au centre des inquiétudes. Pas moins de 16 feux étaient actifs jeudi 1er juin. Quelque 200 maisons ont été détruites et près de 20 000 personnes évacuées dans la région, mais aucun blessé n’a été signalé. «Des chiffres à couper le souffle», selon Tim Houston, le Premier ministre de la province. Mercredi, les autorités régionales ont demandé l’aide de l’armée et des Etats-Unis. Des pompiers d’Afrique du Sud sont également attendus dans les prochains jours. «Nous traversons une crise dans la province et nous voulons, nous avons besoin et nous accepterons tout le soutien que nous pourrons obtenir», a déclaré Tim Houston lors d’une conférence de presse. «Ces incendies sont sans précédent», a-t-il ajouté.

L’un des feux, désormais partiellement maîtrisé, a menacé les environs de la ville de Halifax, dont 16 000 habitants ont dû être évacués. Un autre incendie près du lac Barrington est particulièrement scruté car il est toujours hors de contrôle après avoir ravagé 20 000 hectares. C’est le plus grand feu jamais enregistré dans la province. La fumée de ces incendies a même atteint la côte atlantique des Etats-Unis, occasionnant des pics de pollution d’air dans l’Etat du New Jersey et dans certaines parties de la Pennsylvanie.

«Les gens sont fatigués, frustrés et effrayés», a déclaré Mike Savage, le maire de la capitale provinciale, Halifax. «C’est ma vie» qui est partie en fumée, a raconté en larmes Terri Kottwitz à la chaîne publique CBC, en faisant allusion à sa maison et à son entreprise qui ont été réduites en poussière par les feux. Janis Churchill-Moher, une autre habitante évacuée d’un village dans le sud de la province, a dit ne pas savoir si sa maison était encore debout. «Nos voisins ont des fermes et ils ont tout juste eu le temps de prendre leurs enfants et autant d’animaux qu’ils le pouvaient avant de fuir», a-t-elle raconté.

A Ottawa, le Premier ministre Justin Trudeau a qualifié la situation de «déchirante» et a promis un soutien sans faille, soulignant que l’aide était en route. Des lances à eau supplémentaires fournies par l’Ontario, des pompiers venus en renfort d’Etats américains, une douzaine de bombardiers d’eau envoyés par des régions voisines et les garde-côtes se sont déjà joints aux efforts déployés pour éteindre les flammes.

Records de température attendus

Plus de 2 000 personnes avaient aussi reçu l’ordre d’évacuer le sud de la province en début de semaine, compte tenu de la propagation des feux. Le Premier ministre de Nouvelle-Ecosse a annoncé mardi l’interdiction de toute activité dans les forêts de la province, y compris la randonnée ou la pêche. «Arrêtez de jeter des mégots par la fenêtre de votre voiture. Arrêtez tout simplement. Nos ressources sont incroyablement sollicitées en ce moment même pour lutter contre les incendies existants», a-t-il plaidé, soulignant que plus d’une douzaine de feux illégaux avaient été signalés cette semaine.

Le temps sec et les records de température attendus dans les jours à venir font par ailleurs craindre aux autorités que la lutte contre les incendies ne dure dans le temps. Dans d’autres provinces de l’est du Canada, notamment au Québec et en Ontario, des températures record ont été atteintes à plusieurs endroits. A Toronto, le thermomètre affiche 30,7 °C, selon Environnement Canada, dépassant le record journalier précédent de 28,3 °C établi en 1948. Même chose à Montréal, où le thermomètre a atteint 34 °C quand le précédent record était un peu en dessous des 30 °C.

Ces incendies surviennent après que de nombreux feux de forêt ont dévasté en mai la province d’Alberta, dans l’ouest du Canada, ravageant plus d’un million d’hectares et occasionnant l’évacuation de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Plus de 60 incendies sont toujours en cours dans la région. Mardi, 800 habitants de Fort Chiepwyan, au nord de la province d’Alberta, ont dû être évacués en avion tandis que les incendies s’intensifiaient dans ce hameau isolé. Dans la province voisine de la Saskatchewan, l’un des greniers du pays, une vingtaine de feux étaient dénombrés et plus 850 000 hectares sont partis en fumée.

Au total, plus de 2,7 millions d’hectares ont déjà brûlé en 2023 au Canada, soit huit fois plus que la moyenne des 30 dernières années, selon les autorités canadiennes. «C’est un fait : le Canada subit les effets du changement climatique, notamment des incendies de forêt plus fréquents et plus extrêmes», constate Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, qui rappelle que la superficie des forêts brûlées devrait doubler d’ici à 2050.

Selon des statistiques gouvernementales, le nombre de feux de forêt enregistrés au Canada a pourtant diminué depuis les années 1980, sûrement du fait des politiques de prévention d’incendie. Mais ces dernières années ont été marquées par des incendies plus intenses et plus ravageurs. L’ouest du Canada a été particulièrement frappé ces dernières années par des événements météorologiques extrêmes, dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.

Mis à jour le 2 juin à 11 h 30 avec les derniers chiffres.