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Libération
Réchauffement climatique

Canicule : 28 départements français sous le dôme de chaleur avant un week-end de fournaise

La France entame samedi 19 août un coup de chaud exceptionnel, annonce Météo France. Neuf nouveaux départements ont été ajoutés à la liste de vigilance orange. Le pic est attendu «entre lundi et mercredi».
A Lyon déjà en surchauffe, le 15 août 2023. (JEFF PACHOUD/AFP)
publié le 18 août 2023 à 20h11
(mis à jour le 19 août 2023 à 8h59)

De plus en plus d’orange dans la carte météorologique de la France. Après un mois de juillet aux températures aux allures parfois automnales, le pays se prépare à un coup de chaud d’une intensité exceptionnelle pour une fin d’été avec une vigilance orange canicule étendue de 19 à 28 départements par Météo France pour la journée de samedi et des températures qui pourraient dépasser 40 °C dans le Sud.

La Première ministre Elisabeth Borne a appelé vendredi 18 août à la prudence sur Twitter (rebaptisé X) après avoir réuni la veille au soir une cellule interministérielle de crise : «Au travail, sur le trajet retour ou en vacances, soyons toutes et tous vigilants : assurez-vous de rester hydratés et veillez sur les personnes vulnérables.»

Les 28 départements placés en vigilance orange samedi forment une vaste diagonale allant du Gers au Haut-Rhin et s’étendent jusqu’à la Savoie alors que la vallée du Rhône est déjà soumise à de fortes chaleurs depuis plusieurs jours. Les températures minimales s’échelonneront de 17 à 19 degrés des côtes de Manche à 22 à 24 sur l’arc méditerranéen. Quant aux maximales, elles iront de 24 à 32 degrés sur la moitié nord du pays, de 32 à 36 sur la moitié sud mais toujours jusqu’à 36 à 38, localement 39, de la région Rhône-Alpes à la Provence.

Tout pour atténuer la chaleur

A Lyon comme à Grenoble, les mairies invitent les habitants à se rapprocher des «lieux de fraîcheur» : piscine, bibliothèques, fontaines ou parcs. A Grenoble, où il a déjà déjà 37 °C vendredi, les piscines sont très fréquentées, même si de nombreux Grenoblois préfèrent se rendre en montagne pour tenter de se rafraîchir.

La Métropole de Lyon, elle, se félicite aussi des récentes plantations de 25 000 arbres et arbustes qui atténuent la chaleur. «Cela permet de gagner 4,2 °C en moyenne, et en période de canicule comme celle-ci 7,9 °C. C’est énorme», assure Pierre Athanaze, vice-président du Grand Lyon. Des chiffres qui restent à confirmer. Les horaires des parcs ont été élargis et ceux des agents publics ont été adaptés pour éviter les heures les plus chaudes.

A Lezay (Deux-Sèvres), les cyclistes du «convoi de l’eau» réunis sous les bannières du collectif Bassines Non Merci et de la Confédération paysanne entendent rallier Orléans d’ici une semaine pour protester contre les gigantesques retenues d’eau. Ils ont également prévu des aménagements de leur périple pour faire face à la chaleur.

«Ce convoi de l’eau va peut-être se transformer en convoi de la soif !», plaisante Julien Le Guet, porte-parole de Bassines Non Merci. «On va transporter des tonnes d’eau, tout le monde va partir avec sa gourde […] Ça va être une vraie épreuve.»

Partout, les agriculteurs sont en première ligne, notamment les éleveurs. «Les animaux souffrent de la chaleur et […] ils produisent moins. Et puis imaginez faire la traite à 18 heures quand il fait encore pratiquement 40 °C, c’est difficile aussi pour les humains», relève Jean-Claude Huc, président de la chambre d’agriculture du Tarn.

Autre conséquence : EDF envisage de réduire la production de ses centrales nucléaires du Bugey (Ain) et de Tricastin (Drôme) à compter respectivement de samedi et dimanche, afin d’éviter un réchauffement excessif des eaux du Rhône qui refroidissent leurs réacteurs.

Un risque sanitaire

La crainte principale porte toutefois sur la santé, notamment des personnes âgées et fragiles. Une plateforme nationale d’information a été activée (0800 06 66 66) et des messages de prévention sont diffusés à la télévision et à la radio. Les organismes pourraient être soumis à rude épreuve, y compris la nuit quand les températures redescendent peu.

«L’hôpital fera face», a assuré vendredi sur France Info le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, estimant que si la situation est «tendue» aux urgences, elle n’est pas «plus grave» qu’en 2022. Selon Vincent Bounes, directeur du Samu de Haute-Garonne, les répercussions dépendront de la durée de l’épisode : «C’est au bout de quatre ou cinq jours qu’on voit des effets [de la canicule sur les services d’urgence] et au bout de dix jours que cela devient plus problématique.»

«Les personnes âgées à domicile un peu isolées sont les plus à risque, d’autant plus que les familles sont parties en vacances», met en garde Vincent Bounes. Prudence également pour les sportifs. Certaines rencontres de football ou de rugby autour de Lyon ont été décalées pour préserver la santé des joueurs.

«Ce week-end, les fortes chaleurs s’accentuent, en particulier sur la moitié sud du pays. Elles s’annoncent durables et intenses», a averti Météo-France. Le pic est attendu «entre lundi et mercredi» avant une possible baisse des températures jeudi qui reste à confirmer.

Lundi, «on tutoiera les 35 degrés vers Chamonix […] Ce qui veut dire qu’il pourrait dégeler jusqu’au sommet du Mont Blanc», note Gabriel Chantrel, prévisionniste au centre Météo-France à Bron près de Lyon. Selon l’institution cet épisode «s’annonce comme le plus chaud de l’été 2023″ mais aussi «comme l’un des plus tardifs avec un tel niveau d’intensité».

Mise à jour samedi 19 août avec les prévisions des températures dans la journée.