La saison chaude commence à peine, que le mercure s’affole déjà sur le continent asiatique, de l’Irak à l’Inde, en passant par l’Arabie saoudite et le Pakistan. «En trois siècles d’histoire climatique, rien ne peut être comparé à ce qui se passe actuellement en Asie», a alerté Maximiliano Herrera, climatologue et spécialiste des records climatiques, ce dimanche 27 avril sur le réseau social Bluesky. «Des dizaines de milliers de records sont battus avec des marges insensées dans toute l’Asie. Nous assistons à l’événement le plus extrême jamais observé», pointe-t-il.
«Une telle chaleur à la fin du mois d’avril, pendant si longtemps et sur une si grande superficie, est sans précédent ! C’est complètement fou !», abonde sur X Thierry Goose, climatologue amateur et expert en statistiques climatiques. Alors que les journées sont brûlantes, le coucher du soleil n’apporte guère de répit : les nuits les plus chaudes pour un mois d’avril ont également été enregistrées partout sur le continent.
Températures «absurdes» et «insensées»
Les anomalies de température ont atteint jusqu’à + 12 °C en Afghanistan, en Inde et au Pakistan, des pays de plus en plus victimes de telles températures. Dans ces régions, «les records tombent chaque jour, sans relâche, depuis le début de l’année 2025», rappelle Maximiliano Herrera. Dans le détail, il a fait 48 °C dans la région pakistanaise du Baloutchistan et jusqu’à 49 °C au Koweït, l’une des nations les plus chaudes de la planète.
Plus au nord, le mercure a grimpé à 46,1 °C le 26 avril en Irak, à Basra, la deuxième ville du pays, pulvérisant le record du jour le plus chaud d’avril sur ce territoire. Certaines nuits, le mercure n’est pas redescendu en dessous de 30 °C, aggravant la vulnérabilité des populations à la chaleur.
Changement climatique
En Arabie Saoudite, 47,6 °C ont été mesurés sur les rives du Golfe Persique, à Dammam, le 27 avril. Constat similaire aux Emirats Arabes Unis, avec 46,6 °C enregistrés au nord de la péninsule le même jour et plus de 44 °C à Dubaï. Une première pour un mois d’avril. «Une journée incroyable avec des records battus dans presque toutes les stations du pays. La situation ne fera qu’empirer avec de nombreuses nuits à plus de 30 °C et même des minima à 32 /33 °C ! Bien pire qu’un jour de juillet au Moyen-Orient», a souligné Maximiliano Herrera, qualifiant ces températures d’«absurdes» et d’«insensées». Selon l’expert, plus de records sont tombés ce jour-là aux Emirats Arabes Unis que tout le mois d’avril 2024, qui a pourtant été historiquement chaud.
En Iran aussi, le mercure atteint une «folie absolue» selon le spécialiste, avec 46,1 °C relevés dans le sud du pays. Plus de 300 records ont été battus partout sur ce territoire. Pire, des températures à plus 40 °C ont été mesurées à 1 300 mètres d’altitude, là où la fraîcheur est normalement de mise. De même, des nuits tropicales - c’est-à-dire lorsque le mercure ne redescend pas en dessous de 20 °C - ont été enregistrées à 2 000 mètres.
Climat
Si l’Afghanistan ne communique pas sur ses températures, il a fait 44,7 °C à Zabol, en Iran, à quelques kilomètres de la frontière afghane.
Enfin, en Asie centrale, 16 stations au Turkménistan et en Ouzbékistan ont dépassé les 39 °C, avec des minimums à plus de 26 °C. Le mercure a même atteint 43,3 °C au sud-est du Turkménistan. «Cela dépasse toute imagination possible. Rien dans l’histoire n’est comparable à cette folie», a commenté Maximiliano Herrera. Non loin, le Kazakhstan a enregistré sa nuit la plus chaude d’avril. D’après le spécialiste, les jours à venir seront tout aussi suffocants sur le continent, avec des températures défiant toute logique pour un mois d’avril.
Vague de chaleur «précoce»
Plongés dans la fournaise depuis mi-avril, l’Inde et le Pakistan traversent «une grave» vague de chaleur «précoce et inhabituelle», selon ClimaMeter, une plateforme collaborative développée par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’Institut Pierre-Simon Laplace, à Paris-Saclay. Les températures extrêmes ont entraîné une augmentation de la demande d’électricité et d’eau, aggravant les pénuries et perturbant la vie quotidienne.
Ces températures touchent particulièrement les populations vulnérables, mettant leur survie même en jeu. Outre les effets directs sur la santé, la chaleur fait peser de grandes menaces sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. «Les conditions météorologiques qui ont conduit à la vague de chaleur d’avril 2025 en Inde et au Pakistan sont jusqu’à 4 °C plus chaudes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient dans le passé», explique ClimaMeter. La plateforme attribue «principalement l’augmentation de la chaleur au changement climatique induit par l’homme».