73 départements sont en vigilance orange canicule ce dimanche 29 juin, selon Météo France, qui prévoit «un épisode caniculaire précoce dont la durée» et l’«extension géographique progressive vers le nord nécessitent une vigilance particulière». Alors que les bulletins météo égrènent les températures qu’atteint le mercure dans les plus grandes villes de France, à quoi correspondent les fameuses «températures ressenties», qui s’élèvent en général à quelques degrés de plus que celles indiquées par les thermomètres ? «Il ne s’agit pas véritablement d’une température : il n’y a pas d’unité. C’est en réalité un indice que l’on calcule dans les situations où il fait plutôt froid ou à l’inverse plutôt chaud, pour exprimer le confort thermique qu’on peut avoir en tant qu’humain», précise Nemo Pawlowski, prévisionniste pour Météo France.
Sur le site de l’agence météo, on peut lire que la mesure de la température de l’air s’effectue dans des conditions bien précises : «A 1,5 mètre du sol, dans un abri météorologique permettant la circulation de l’air et protégeant le capteur des précipitations et des rayonnements du soleil et de la Terre.» Or cette mesure ne suffit pas à estimer la sensation de chaleur qui sera effectivement ressentie par le corps, influencée par «d’autres facteurs météorologiques comme le vent, l’humidité, l’exposition au rayonnement du soleil ou l’environnement».
L’Humidex, indice d’inconfort
Deux indices ont alors été imaginés pour mesurer le niveau d’inconfort dû aux températures extrême, dans un souci de santé publique. Le Windchill, utilisé lorsque le mercure descend en dessous de 10°C, est calculé à partir de la température de l’air et de la vitesse du vent. Lorsque la chaleur monte, on s’appuie sur l’Humidex, calculé à partir de la température de l’air et de l’humidité. Si la généalogie de cet indice n’est pas très claire, il a été conceptualisé par une équipe de chercheurs canadiens il y a au moins quarante-cinq ans. Il résulte d’une équation dans laquelle la température de l’air est pondérée par d’autres éléments, notamment l’humidité relative de l’air, exprimée en pourcentages.
Plus ces deux valeurs sont élevées, plus l’indice Humidex sera haut. «Dans les zones tropicales, on a toujours un Humidex assez élevé. Dans la jungle, on dépasse très rarement les 30° C, mais la sensation est éprouvante à cause de l’humidité. On parle de chaleur tropicale. Alors qu’avec 35°C à Londres, dans un endroit beaucoup plus sec, le ressenti sera beaucoup moins difficile pour le corps», détaille Nemo Pawlowski. En France, «des records ont été battus suite à une forte chaleur assez humide, avec un humidex de 46,7 à Tours : 37,3°C mesurés sous abri et 42 % d’humidité relative vers 18 heures le 30 juillet 2024», indique le prévisionniste. Des seuils sont fixés pour interpréter le niveau d’inconfort correspondant : le site officiel du gouvernement canadien indique qu’entre 30 et 39, le risque est d’éprouver «un certain inconfort» ; entre 40 et 45, «beaucoup d’inconfort» ; et au-dessus de 45, un coup de chaleur est possible.
«L’humidité de l’air associée à la chaleur empêche notre corps de refroidir»
Un indice que Météo France prend avec des pincettes. «Quand on communique les températures prévues, on ne le mentionne pas», indique Nemo Pawlowski. «C’est le fruit d’une formule empirique, qui n’a pas de fondement mesurable réel. Il n’y a pas de valeur physique comme la mesure de l’agitation des molécules pour estimer la température», commente-t-il. Le prévisionniste pointe le caractère arbitraire de ces seuils, qui balisent des ressentis variables selon les individus en fonction des conditions physiologiques de chacun.
L’humidité augmente fortement l’inconfort, voire le danger, en cas de fortes chaleurs parce qu’elle empêche l’organisme de refroidir correctement. Lorsqu’en périodes de fortes chaleurs, de délicates auréoles viennent agrémenter vos chemises, mieux vaut voir les choses du bon côté : la sudation permet au corps de maintenir son équilibre thermique. Problème : «L’humidité de l’air associée à la chaleur empêche l’évaporation de la transpiration et donc empêche notre corps de refroidir, ce qui peut être très dangereux. Notre corps n’arrive pas à refroidir suffisamment, donc certaines fonctions vitales sont mises à mal», alerte le prévisionniste.
Une seule solution pour ne pas succomber à la canicule : bien s’hydrater, encore et toujours. «Surtout quand il fait humide, parce que l’on transpire encore plus», appuie Nemo Pawlowski. Le conseil s’adresse en particulier aux personnes âgées et aux jeunes enfants, les plus fragiles face aux fortes températures.