Au cours d’une année qui devrait s’avérer la plus chaude jamais enregistrée, les catastrophes naturelles ont causé des pertes économiques de 310 milliards de dollars (293 milliards d’euros) dans le monde, sous l’influence toujours plus grande du changement climatique, a estimé Swiss Re jeudi 5 décembre dans un communiqué. Ce montant est en hausse de 6 % par rapport à l’année dernière, a précisé le groupe suisse, qui fait office d’assureur pour les assureurs.
Les dommages couverts par les assureurs devraient pour leur part atteindre 135 milliards de dollars, en hausse de 17 % sur un an, les ouragans Hélène et Milton ayant fait grimper la facture, a indiqué le réassureur suisse. Les frais des assureurs pour les catastrophes naturelles dépassent ainsi la barre des 100 milliards de dollars «pour la cinquième année d’affilée», note Balz Grollimund, responsable de la couverture des catastrophes chez Swiss Re.
Rôle grandissant du changement climatique
Cette augmentation des frais est imputable en partie à la concentration d’actifs à assurer dans les zones urbaines et à la hausse des coûts de reconstruction mais «le changement climatique joue aussi un rôle grandissant», selon lui. A partir des mesures de l’Organisation météorologique mondiale de l’ONU, l’assureur précise qu’avec une température moyenne mondiale qui dépasse «de 1,54°C les niveaux préindustriels, 2024 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée». Or «un réchauffement du climat favorise la survenue de beaucoup des catastrophes naturelles observées en 2024», poursuit le géant de la réassurance, qui cite notamment les inondations.
Ces températures mesurées entre janvier et septembre dépassent temporairement l’objectif de l’Accord de Paris, sous l’effet, entre autres, d’un épisode El Niño qui favorise une augmentation des températures. En novembre déjà, le service européen Copernicus estimait même «probable» que le réchauffement ait dépassé 1,55°C sur l’ensemble de l’année 2024. Une autre étude affirmait quant à elle que les activités humaines ont déjà causé un réchauffement climatique de 1,49°C.
D’après les premières estimations de Swiss Re, les pertes couvertes pour les ouragans Hélène et Milton qui ont touché la Floride fin septembre et début octobre se situent pour l’instant sous la barre des 50 milliards de dollars. Son concurrent allemand, Munich Re, a également récemment publié une estimation pour les ouragans dans le nord de l’Atlantique et typhons dans le nord-ouest du Pacifique, évoquant une saison cyclonique tropicale «exceptionnelle» avec des pertes totales de 133 milliards de dollars, dont 51 milliards couverts par les assureurs.
13 milliards de dollars à l’eau
Les ouragans dans l’Atlantique Nord sont traditionnellement les catastrophes les plus coûteuses pour les assureurs, mais depuis plusieurs années Swiss Re ne cesse d’avertir que les frais pour les autres catastrophes comme les inondations ou tempêtes de grêle, sont en constante augmentation. Depuis janvier, les pertes assurées pour les inondations se chiffrent à près de 13 milliards de dollars. Il s’agit de la troisième année la plus coûteuse pour des inondations au niveau mondial et de la deuxième la plus coûteuse en Europe, selon Swiss Re.
Parmi les inondations qui ont engendré d’importants frais pour les assureurs, le groupe suisse cite les intenses précipitations en avril dans qui ont notamment perturbé l’aéroport de Dubaï, le plus gros aéroport au monde. L’année 2024 a également été marquée par la tempête Boris en septembre, qui a touché la République tchèque, la Pologne et l’Autriche mais aussi la Slovaquie, la Roumanie, l’Italie et la Croatie, puis par les inondations meurtrières en Espagne en octobre.
«Les pertes sont susceptibles d’augmenter dans la mesure où le changement climatique intensifie les événements météorologiques extrêmes», prévient le réassureur. Le groupe suisse préconise de mettre en place des mesures de protection comme des digues, barrages et écluses, soulignant que ces mesures peuvent être «jusqu’à dix fois plus efficaces en termes de coûts que de reconstruire».