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Interview

Chaleur hivernale : «Tous les jours depuis le 19 décembre ont été plus doux que les normales de saison»

De Perpignan à Paris, le jour de Noël a été particulièrement doux cette année. Une tendance qui se répète à cause du changement climatique, souligne François Gourand, météorologue à Météo-France.

Le 13 décembre 2023, près de Perpignan où les températures sont particulièrement élevées en cette fin d'année. (Ed Jones/AFP)
ParMargaux Lacroux
Journaliste - Environnement
Publié le 27/12/2023 à 10h51

Fêter Noël sous 20 °C en France, était-ce bien normal ? Autour du golfe du Lion, de Nîmes à Perpignan, le thermomètre a atteint, voire dépassé, cette température le 25 décembre. Le réveillon a également été marqué par une douceur inédite dans la capitale. De quoi faire oublier que la France est entrée dans la saison hivernale. Depuis près de dix jours, la métropole connaît des températures anormales pour la période et cela va encore se poursuivre au moins jusqu’au 1er janvier.

Cette fin d’année est à l’image de tout 2023, qui a vu s’accumuler les records de chaleur, notamment à l’automne. Météo France a déjà annoncé que 2023 devrait se classer au second rang des années les plus chaudes en métropole, juste derrière 2022, sur la première marche du podium. François Gourand, météorologue à Météo France, explique que, localement, les températures ont dépassé de 10 degrés les normales en cette fin décembre et que les Noëls plus doux sont désormais quasi systématiques dans l’Hexagone. Une tendance de fond liée au changement climatique, et non à des variations classiques de la météo.

A quel point la journée de Noël a-t-elle été chaude cette année ?

La journée du 25 décembre a été particulièrement douce puisqu’on a connu le huitième jour de Noël le plus doux en métropole depuis le début des relevés nationaux en 1947. Il a fait 9,7 °C en moyenne à l’échelle de la France, soit 4 °C au-dessus de la normale de saison. Mais nous avons peut-être oublié qu’en 2022 nous avons connu le deuxième Noël le plus doux jamais enregistré, derrière celui de 1997, avec 11,3°C. Cette année, les écarts à la normale ont surtout été remarquables dans le Nord concernant la température moyenne durant toute la journée, avec 4 à 6°C d’anomalies. Mais si on se concentre uniquement sur la température maximale atteinte, le sud de la France et les régions montagneuses telles que le Massif central et les Alpes l’emportent. Il a pu y avoir jusqu’à 8 voire 10 °C d’anomalies.

Quelles villes de l’Hexagone ont connu une journée anormalement chaude ce 25 décembre ?

La nuit de Noël, du 24 au 25 décembre, a été la plus douce jamais observée à Paris, sachant que le début des relevés dans la capitale date de 1873. Le thermomètre n’est pas descendu au-dessous de 11,5 °C. Il a ainsi nettement dépassé les 10,3°C de Noël 1988, le précédent record. A l’autre bout de la France, dans les Pyrénées orientales, Perpignan se démarque : 21,2 °C ont été atteints le 25 décembre, avec 8 °C d’anomalie. Cela égale la valeur record de Noël 2019 pour cette ville. Le 26 décembre, il y a fait encore plus chaud, avec 22 °C. A une journée près, Perpignan battait donc son record de Noël ! A Nîmes, dans le Gard, il a aussi fait 20°C, mais c’est un peu moins exceptionnel.

Peut-on voir dans cette chaleur hivernale la marque du changement climatique ?

Oui. Ces anomalies ont tendance à passer un peu inaperçues mais il y a de plus en plus de Noël doux, voire très doux. Ils se réchauffent nettement. Les douze derniers Noël, hormis celui de 2020, ont été anormalement chauds par rapport à la période de référence 1991-2020. L’écart par rapport à la normale a souvent été très important, de l’ordre de 2 ou 3 °C au-dessus. Cela n’est pas seulement lié à la variation classique de la météo, c’est vraisemblablement le signal de fond du changement climatique.

Cette période de douceur inhabituelle de fin décembre va-t-elle se poursuivre jusqu’en janvier ?

Tous les jours depuis le 19 décembre ont été plus doux que les normales de saisons. En Ile-de-France, le pic de cette séquence a été atteint le 25 décembre. A l’échelle nationale, cela a eu lieu le 22 décembre, avec 10,8 °C en moyenne. Dans les prochains jours, on ne va pas rester sur les mêmes niveaux d’anomalies, les températures vont un peu baisser mais le thermomètre va continuer à rester assez nettement au-dessus des normales au moins jusqu’au jour de l’an, voire au début de l’année prochaine.