Un presque record dont on aimerait bien se passer. Le mois de septembre 2024 a été le deuxième mois de septembre le plus chaud jamais enregistré. Il s’inscrit dans la continuité d’une série de records qui rendent «quasiment certain que 2024 sera l’année la plus chaude jamais mesurée», a annoncé ce mardi 8 octobre l’observatoire européen Copernicus. Septembre 2024 est, au niveau mondial, 1,54°C plus chaud qu’un mois de septembre «normal» dans le climat préindustriel (1850-1900). Avec une température moyenne de 16,17°C à la surface du globe, ce mois ne bat cependant pas le record de septembre 2023 avec ses 16,38°C.
Par ailleurs, d’après les observations réalisées par Copernicus ces quinze derniers mois, septembre 2024 est le 14e mois à être 1,5°C plus chaud que la normale de saison. Selon les experts, il faudrait que ce phénomène se répète sur plusieurs décennies avant qu’on puisse estimer que la surface du globe s’est réchauffée d’1,5°C. Une barre symbolique dont on se rapproche dangereusement : aujourd’hui il fait déjà 1,3°C plus chaud sur Terre qu’à la période préindustrielle. Pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ce seuil pourrait être observé d’ici 2030-2035, compte tenu de la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité.
Des ouragans 40% plus puissants à cause du réchauffement climatique
Par ailleurs, les scientifiques expliquent que les températures anormalement élevées ont accentué plusieurs phénomènes naturels, notamment les épisodes de dépressions. Pour Michael Mann, climatologue à l’université de Pennsylvanie : «En moyenne, le potentiel destructeur des ouragans a augmenté d’environ 40% en raison du réchauffement de 1°C qui a déjà eu lieu.» Entre les super-typhons en Asie, la tempête Boris en Europe et ouragans Hélène puis maintenant Milton en Amérique du Nord, les précipitations extrêmes ont en effet marqué ce mois de septembre. «Les précipitations extrêmes du mois dernier, que nous observons de plus en plus souvent, ont été aggravées par une atmosphère plus chaude», entraînant par endroits «des mois de pluies en quelques jours», a expliqué Samantha Burgess, directrice adjointe du service changement climatique de Copernicus.
Catastrophe
Le bulletin mensuel de l’observatoire met en avant les exemples de la tempête Boris, synonyme d’inondations exceptionnelles en Europe centrale, de la mousson qui «a sévèrement frappé» le Pakistan, et du typhon Krathon qui a frappé Taïwan et les Philippines début octobre. Septembre a aussi été marqué par les ravages des super typhons Yagi et Bebinca en Asie, des inondations meurtrières au Népal et au Japon ou encore de l’ouragan Helene aux Etats-Unis. Ces dépressions intenses n’ont pas épargné l’Afrique. A l’ouest et au centre du continent, la saison des pluies a fait plus de 1 500 victimes, quatre millions de sinistrés et 1,2 million de déplacés, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Canicules marines
Et si les scientifiques observent que les fortes chaleurs sont un facteur aggravant à ces catastrophes, ils expliquent aussi la hausse des températures par la surchauffe inédite des océans. Ils absorbent plus de 90% de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine. Outre les effets immédiats des canicules marines sur la faune et la flore, des eaux plus chaudes libèrent davantage de vapeur d’eau dans l’atmosphère. A chaque degré Celsius supplémentaire dans l’air, il faut compter jusqu’à 7% d’eau en plus. Une atmosphère surchargée qui alimente de ce fait les typhons, les ouragans ou les tempêtes.
Ces observations climatiques seront l’arrière-fond des négociations onusiennes de la COP29 de Bakou en novembre. Les nations doivent s’y accorder sur le moyen de fournir aux pays en développement les milliers de milliards de dollars nécessaires pour leur transition énergétique et pour se prémunir des catastrophes de plus en plus fréquentes.