Le sud-est de la France surchauffe en plein hiver. Le fort redoux qui traverse actuellement le pays a établi plusieurs nouveaux records de chaleurs pour un mois de janvier, en particulier le long de la Méditerranée. Ce jeudi 25 janvier, l’agence Météo France cite plusieurs mesures inédites observées mercredi entre l’Hérault et le Var.
Sur la station de mesures de l’aéroport de Montpellier, 22,1 °C ont été relevés, effaçant nettement le record précédent, mesuré en 2002 à 21,2 °C. D’autres stations ont largement dépassé les vingt degrés, comme à l’aéroport de Nîmes et à Arles, où le thermomètre a atteint 21 °C, et même 22,5 °C au Luc (Var). Sur toutes ces stations, les records précédents étaient relativement récents.
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«Cet épisode n’est pas du tout normal pour la saison», signale à Libération Matthieu Sorel, climatologue à Météo France. «On se situe à certaines stations à +10 °C au-dessus des normales ! A tel point que près de la Méditerranée, les températures sont très printanières, dignes d’une fin avril, voire d’un début du mois de mai», décrit le scientifique.
Un pic, censé arriver ce jeudi par Météo France, prévoit «25 °C possibles dans les environs de Perpignan, Prades ou Durban-Corbières, 20 à 22 °C à Montpellier, Toulon ou Nîmes». «Les températures observées mercredi et aujourd’hui sont vraiment impressionnantes», commente Matthieu Sorel.
De son côté, l’agroclimatologue Serge Zaka rappelle qu’«historiquement, fin janvier est la période la plus froide de l’année». Alors que le pays a été marqué par un épisode de froid caractéristique des hivers français d’autrefois, on s’achemine désormais «vers un épisode de douceur hivernale durable et exceptionnelle», écrit sur X le chercheur au chapeau de cow-boy. Dans l’ensemble de l’ouest du pays, ce sont les températures minimales qui ont été «proches des records mensuels» mercredis «avec des valeurs au-dessus de 12 °C», indique Météo France.
«Un réveil précoce de certaines espèces»
«Des records mensuels de douceur nocturne ont été battus à Nantes (12,8 °C), Tours (12,7 °C) et Niort (13,1 °C)», a relevé l’observatoire national. «Une telle douceur est remarquable pour un mois de janvier mais cela n’est pas inédit de connaître des températures au-delà des 20 °C en hiver», avait toutefois nuancé mercredi Météo France dans un communiqué, invoquant les 20,5 °C relevés à Toulon en 2016, les 20,7 °C à Montpellier en 2018 ou encore des 25,4 °C à Perpignan en 2020.
Reste que la chaleur actuelle a des répercussions directes sur les végétaux, alerte Serge Zaka. «Les températures seront au-dessus des seuils végétatifs sur toutes les régions, laissant craindre un réveil précoce de certaines espèces d’ici mi-février…», notamment des bourgeons de l’amandier et de l’abricot.
Outre la chaleur hivernale, «l’ensemble du pourtour méditerranéen restera très probablement sec les dix prochains jours, aggravant la sécheresse préoccupante et chronique de la région, tout particulièrement en Roussillon», a informé Météo France. Le département des Pyrénées-Orientales, notamment, fait face à une sécheresse hivernale historique, dû au manque de pluie.
Historiquement, fin janvier est la période la plus froide de l'année. En 2024, dans le sud-est, il fera plus de 20°C avec des pointes à 24+°C laissant craindre une ouverture précoce des bourgeons de l'amandier et de l'abricot précoce puis progressivement à d'autres régions et… pic.twitter.com/nER4WoM5b2
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) January 23, 2024
Le tout s’inscrit assurément «dans un contexte de changement climatique», pointe Matthieu Sorel. «On voit se multiplier ces épisodes de douceur hivernale depuis des années, et en plus, être de plus en plus chauds. A contrario, les épisodes de froid se raréfient», constate le climatologue.
«Le mois de janvier 2024 s’annonce d’ores et déjà fort contrasté avec une longue séquence de fraîcheur entre le 7 et le 20 janvier, encadré par deux périodes de grande douceur, la première en tout début de mois puis la seconde en cours et qui est amenée à se prolonger au-delà du 31 janvier», anticipe l’observatoire météorologique.
Selon Matthieu Sorel, dans les quinze prochains jours, soit les prévisions maximums que peut atteindre Météo France, les températures devraient rester largement au-dessus des normales. Si ce redoux se maintient, janvier 2024 deviendrait alors le vingt-quatrième mois d’affilée ayant observé des températures mensuelles supérieures aux moyennes de la période 1991-2020.