L’épais nuage noir va doucement commencer à s’éclaircir. La demande mondiale de charbon a atteint un nouveau record cette année, annonce ce vendredi 15 décembre l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport l’annuel. Pendant que la planète devrait subir un nouveau record de température annuelle, 8,53 milliards de tonnes de minerai noir ont été consommées ces douze derniers mois. Dans les prévisions de l’AIE se cache toutefois un brin d’espoir : la consommation de «charbon devrait atteindre son pic en 2023», estime l’observatoire et elle devrait engager une tendance à la décrue «à partir de 2024».
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Une annonce bienvenue au surlendemain de la clôture de la COP28 à Dubaï et de l’adoption du texte appelant à «transition hors des énergies fossiles», dont le charbon fait partie. L’Agence internationale de l’énergie compte notamment sur une augmentation très importante des énergies renouvelables (éoliennes, solaire) sur la planète pour «pousser la consommation mondiale de charbon sur une trajectoire descendante».
Côté européen, la consommation s’est en revanche fortement ralentie avec une baisse de 107 millions de tonnes (-23 %), sur l’année écoulée. La multiplication des énergies renouvelables dans l‘UE favorise le recul du charbon. En Allemagne, qui produisait encore un tiers de son électricité avec ce combustible en 2022, les centrales à lignite et celles au charbon devraient fortement réduire d’ici 2025, supplantées par le déploiement des centrales solaires ou éoliennes.
L’Occident bon élève, l’Asie vorace
De même aux Etats-Unis qui enregistrent une baisse de 95 millions de tonnes (-21 %) sur les douze derniers mois, en raison essentiellement de la mutation des centrales électriques qui abandonnent progressivement le charbon et de la faiblesse de l’activité industrielle. La guerre en Ukraine brouille toutefois les prévisions de l’AIE pour la Russie, quatrième consommateur mondial de charbon, ainsi que celle pour Kyiv, également «incertaines».
Une nécessité pour la planète car la combustion du charbon reste, pour produire de l’énergie ou pour faire tourner l’industrie, responsable d’une large part des émissions de CO2. C’est en Asie que l’appétit pour le combustible est le plus important : selon l’AIE, la consommation en Chine aura fait un bond de 220 millions de tonnes (+4,9 %) par rapport à 2022, celle de l’Inde aura progressé de 98 millions de tonnes (+8 %). Celle de l’Indonésie de 23 millions de tonnes supplémentaires (+11 %) cette année.
Au-delà de l’utilisation du charbon pour alimenter des centrales électriques, la consommation ne devrait pas faiblir dans ses utilisations industrielles comme les cimenteries. Paradoxe, dans le cas de l’Indonésie, c’est l’extraction et le raffinage du nickel – en plein essor pour alimenter les marchés des batteries automobiles de la transition énergétique – qui favorise la consommation de charbon dans les procédés miniers. La Chine reste néanmoins de loin le cador du charbon, concentrant plus de la moitié de la consommation mondiale (54 %). «Plus de 60 %» du charbon utilisé en Chine sert à produire de l’électricité et le pays continue à construire des centrales à charbon.
Mais l’Agence internationale de l’énergie s’attend à un tournant en 2023 si le pays ne subit pas trop de vagues de froid (ou de chaud) qui influencent l’utilisation des centrales. Selon l’institution, la consommation chinoise de charbon pour la production d’électricité devrait baisser de 175 millions de tonnes d’ici à 2026.