Sans surprise, l’année qui vient de s’écouler est de très loin la plus chaude jamais enregistrée en France. Il a fait en moyenne 14,5 °C sur l’ensemble du pays, annonce Météo France ce vendredi. «2022 dépasse le record précédent de 0,4 °C, c’est un grand bond» que l’on n’observait pas auparavant, relève Christine Berne, climatologue à Météo France. L’année 2022 pulvérise ainsi 2020, jusqu’ici détentrice du record (14,07 °C). Quant à 2018, elle est sur la troisième marche (13,9 °C). La France poursuit sur la tendance du réchauffement. «Depuis 2014, toutes les années ont été supérieures à la normale, à l’exception de 2021 et 2016», précise Christine Berne.
Dès fin novembre, Météo France avait annoncé que 2022 serait sur la première marche du podium et ce qu’importent les températures de décembre. L’institut météorologique misait sur une température moyenne comprise entre 14,2 °C (scénario décembre froid) et 14,6 °C (scénario décembre chaud) sur le territoire. Le résultat est finalement plus proche du deuxième scénario. Après un épisode de froid jusqu’à mi-décembre, la chaleur a finalement fait son retour en force et l’a emporté, avec un mois 0,6 °C au-dessus des normales. Cela a terminé de faire grimper la moyenne nationale sur l’année. En fin de compte, tous les mois de 2022 ont été anormalement chauds, à l’exception des mois de janvier et d’avril. Christine Berne ajoute que «l’année a été la plus ensoleillée sur la moitié Nord depuis le début des relevés», avec notamment des records très inhabituels à Paris, Nancy ou encore Brest.
«2022 est un exemple emblématique d’une année marquée par le changement climatique», poursuit-elle. Elle n’a pas seulement été bouillante, elle a coché toutes les cases des événements extrêmes. Incendies monstrueux en Gironde (Landiras, La Teste-de-Buch, Saumos), canicules marines en Méditerranée, gel tardif début avril, tornade dans les Hauts-de-France, crues dans le Sud-Ouest, orage brutal et meurtrier en Corse, inondations en Guadeloupe, cyclones à la Réunion…
Accumulation de records
2022 a été exceptionnellement chaude malgré l’influence de la Niña, phénomène climatique censé refroidir les températures mondiales. En France, la chaleur a pourtant été précoce et durable, avec un premier épisode de chaleur dès mai. Combinée à un manque de précipitations de 25 % sur l’année (un record qu’elle partage avec l’année 1989) a alimenté une sécheresse historique. La fournaise a connu son apothéose cet été, avec trois vagues de chaleur (notamment en juin où les 40 °C ont pour la première fois été atteints ce mois-là). Selon Météo France, la chaleur de début mai à fin août a été rendue 500 fois plus probable par le changement climatique.
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Mais le dérèglement ne s’est pas arrêté là : après un épisode de chaleur tardif et inédit fin octobre, l’année s’est clôturée par des températures dignes d’un mois de juin. La France a connu le deuxième Noël le plus chaud de son histoire. Le dernier jour de 2022 a fait encore plus fort, avec 18,6 °C à Strasbourg, 18 °C à Rennes, 20 °C à Marseille… La journée du 31 décembre fut la plus anormalement chaude de tout 2022 avec des températures 8,3 °C au-dessus des normales saisonnières.
«L’accumulation de ces records s’inscrit pleinement dans la tendance du réchauffement climatique. Il y a toujours eu des phénomènes exceptionnels et des pics avant, mais là c’est la répétition, particulièrement durant cette année 2022», rappelait fin décembre dans Libé François Gourand, météorologue à Météo France.
Réchauffement plus élevé que la moyenne
«Il ne faut pas se laisser endormir par la douceur hivernale. Il faut rester conscients et penser aux canicules, à la surmortalité, aux incendies… Ce sont les vraies conséquences de cette année la plus chaude», insiste Christine Berne. Cette année, exceptionnelle dans le climat actuel, pourrait devenir la norme en 2050. A cet horizon pas si lointain, selon une étude récente menée par des chercheurs du CNRS et de Météo France, l’Hexagone pourrait être en surchauffe de 1,8 °C (scénario de forte réduction des gaz à effet de serre) à 3,6 °C (scénario d’une forte augmentation des émissions) par rapport à l’ère préindustrielle. Le réchauffement en France est déjà de l’ordre +1,7 °C, soit davantage que la moyenne planétaire, qui est à +1,2 °C.
En Europe, rappelle le dernier rapport du Giec, les quatre risques majeurs du réchauffement climatique sont la hausse de la mortalité des êtres humains et une altération des écosystèmes à cause de la chaleur, une baisse de la production agricole à cause de la sécheresse, les pénuries d’eau ainsi que les inondations et la montée du niveau de la mer. Autant de problèmes auxquels la France a été confrontée cette année.