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Climat : accord dans l’UE pour éliminer les gaz fluorés d’ici à 2050

Les Etats membres de l’UE et les eurodéputés ont annoncé ce jeudi 5 octobre un accord pour accélérer la réduction de ces gaz climaticides utilisés dans les climatiseurs et les pompes à chaleur, en vue de leur disparition d’ici à 2050.
Les gaz fluorés sont utilisés dans les réfrigérateurs, les climatiseurs ou encore les pompes à chaleur. (Adrien Nowak/Hans Lucas via AFP)
publié le 5 octobre 2023 à 14h32

L’épineux dossier des gaz fluorés a enfin abouti à un accord européen, fait savoir ce jeudi 5 octobre l’UE. Les Etats membres et les eurodéputés ont scellé mercredi 4 octobre l’accélération de la réduction de ces gaz utilisés dans les réfrigérateurs, les climatiseurs ou encore les pompes à chaleur, entre 2024 et 2049, en vue de leur élimination d’ici à 2050. «L’élimination de la consommation de HFC dans l’UE constitue un signal clair pour le marché et permettra d’aligner les règles actualisées sur l’objectif de neutralité climatique de l’UE à l’horizon 2050», écrit le Parlement.

Fin mars, le Parlement européen avait en effet réclamé l’accélération de la réduction de ces gaz fluorés sur le marché de l’Union à partir de 2039, avec une élimination de leur production et de leur consommation d’ici à 2050. Le tout, en demandant que les importations illégales de ces gaz fluorés en Europe soient mieux surveillées. Depuis que des accords contraignants existent pour les réguler, leur prix n’a fait que grimper et ils sont devenus un juteux business pour les contrebandiers.

Facilement adopté, le texte, qui devait ensuite être négocié avec les Etats membres, a fait l’objet d’une très vive résistance de la part des secteurs industriels concernés. «Nous ne parlons pas de remplacer un Lego rouge par un Lego jaune ! Faire ce changement nécessite du temps, des tests, de l’adaptation… L’UE doit laisser aux fabricants le temps de le faire correctement», a par exemple réagi Thomas Nowak, patron de l’Association européenne des pompes à chaleur.

Un calendrier plus exigeant

Encore indispensables au fonctionnement des systèmes de réfrigération, les gaz fluorés, et plus précisément les hydrofluorocarbures – appelés HFC –, sont de puissants gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant 1 000 à 10 000 fois plus élevés que le CO2. S’ils sont aujourd’hui utilisés malgré leur effet climaticide, c’est parce qu’ils sont le fruit d’un compromis international. Leurs prédécesseurs, les CFC, sont à l’origine du trou dans la couche d’ozone en Antarctique, encore plus destructeurs à court terme.

Un amendement au protocole de Montréal a donc été adopté en 2016, à Kigali, afin de limiter progressivement de 85 % la production de ces superpolluants dans le monde, ce qui devrait avoir comme effet de réduire de 0,5 °C le réchauffement projeté en 2100, selon les chercheurs. Entre-temps, avec l’essor de la climatisation et de la réfrigération, dû en partie au réchauffement climatique, la production mondiale des HFC a explosé, incitant les eurodéputés à accélérer le calendrier.

Après des négociations complexes en trilogue entre la Commission européenne, le Parlement et les Etats membres, l’accord provisoire conclu mercredi – qui doit encore être formellement approuvé par le Parlement et le Conseil avant qu’il puisse entrer en vigueur – va permettre d’élargir dès les prochaines années les interdictions d’équipements et matériaux contenant des gaz fluorés. Il prévoit un calendrier précis dans les secteurs où il est techniquement et économiquement possible de passer à des solutions de remplacement (réfrigération domestique, climatisation, pompes à chaleur).

«Les entreprises européennes sont déjà à l’avant-garde du développement d’alternatives propres aux gaz F. Cette loi sera donc bénéfique pour le climat et l’économie européenne, a réagi le rapporteur du texte Bas Eickhout (Verts-ALE, NL). Nous sommes parvenus à un accord ambitieux […]. Nous brisons le cycle sans fin des nouveaux cocktails chimiques qui risquent d’entraîner dans le débat sur les PFAS [composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés, ndlr] des technologies telles que les pompes à chaleur et les appareillages de commutation, qui sont essentielles pour notre transition énergétique.»