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Climat : avec deux ans de retard, les pays riches tiennent leur promesse d’aide aux pays vulnérables en 2022

Les pays historiquement responsables du changement climatique ont tenu en 2022 leur objectif de transférer 100 milliards de dollars aux pays pauvres, destinés à leur action climatique, annonce l’OCDE ce mercredi 29 mai.
Les feuilles proviennent d'arbres trouvés dans une haie, prises individuellement et composées ensemble. (Richard Drury/Getty Images)
publié le 29 mai 2024 à 18h42

En 2022, les pays riches ont enfin atteint leur objectif d’aide climatique annuelle de 100 milliards de dollars (92,5 milliards d’euros) pour les pays pauvres, avec deux ans de retard sur l’engagement pris en 2009, a confirmé l’OCDE ce mercredi 29 mai. «En 2022, les pays développés ont fourni et mobilisé un total de 115,9 milliards de dollars (107 milliards d’euros) pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement», selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, chargée de la compatibilité de cette promesse qui doit être renégociée d’ici la COP29 en novembre à Bakou, en Azerbaïdjan.

Les pays riches, responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, s’étaient engagés en 2009, sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC), à verser 100 milliards de dollars par an aux pays les plus vulnérables au changement climatique, d’ici 2020 et jusqu’en 2025. Ces fonds servent en majorité à financer la décarbonation de l’énergie et des transports, ainsi qu’à aider les pays pauvres à sécuriser leur approvisionnement en eau, notamment pour l’agriculture, à reforester et à des travaux d’assainissements, afin de s’adapter aux conséquences des phénomènes climatiques extrêmes dans un monde déjà 1,2 °C plus chaud qu’à l’ère préindustrielle.

Dette morale

Mais le retard pris est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations internationales. Nombre de pays en développement conditionnent leur sortie progressive des énergies fossiles aux efforts financiers des pays riches, vus comme «une dette morale». «C’est un pas en avant important […] j’espère que ça peut aider à construire un peu de confiance» sur le fait que l’Union européenne prend ces «engagements au sérieux», a expliqué Jennifer Morgan, l’émissaire allemande pour le climat.

«Il est toujours essentiel de tenir les promesses du passé, mais plus encore cette année», a réagi Moukhtar Babayev, le président azerbaïdjanais de la future 29e Conférence climatique des Nations unies, dont le principal résultat attendu est un accord sur le nouvel objectif au-delà de 2025. L’Inde a proposé de le fixer à 1 000 milliards de dollars (925 milliards d’euros) annuels. Mais ce chiffre est vu comme une provocation par les pays riches donateurs. Ces derniers «représentent aujourd’hui environ 30 % des émissions historiques de gaz à effet de serre», souligne Jennifer Morgan, dans une allusion au poids pris par d’autres nations, comme la Chine ou les pays du Golfe, dans le bilan historique de cette pollution à l’origine du réchauffement climatique.

Quoi qu’il en soit, le montant restera très en deçà des besoins, évalués à 2 400 milliards de dollars (2 200 milliards d’euros) par an d’ici 2030 pour les pays en développement, hors Chine, selon un calcul d’experts de l’ONU. Dans le détail, l’aide climatique des pays riches a augmenté de 30 % entre 2021 et 2022, selon l’OCDE, qui salue «une augmentation très significative, la plus forte sur un an», dépassant ses projections. La contribution des Etats-Unis, très critiquée pour s’être limitée à 1,5 milliard en 2021 a été multipliée par quatre, s’est félicité un porte-parole du Département d’Etat.

«Il reste un manque de financement de 11,2 milliards de dollars (10,4 milliards d’euros) à combler pour compenser le fait que l’objectif n’avait pas été atteint en 2020 et 2021», relativise toutefois Friederike Röder, vice-présidente de l’ONG Global Citizen. «Une grande partie des fonds sont des prêts» (69 %) «plutôt que des subventions» (28 %) «et sont souvent combinés à des aides existantes, ce qui brouille les limites de l’aide financière réelle», critique aussi Harjeet Singh, militant familier des COP.