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Surchauffe

Climat : la barre d’1,5 °C de réchauffement probablement dépassée en 2024

Cette année verra de façon quasi certaine la hausse de la température moyenne mondiale dépasser 1,5°C par rapport à la période préindustrielle, annonce ce jeudi 7 novembre l’observatoire Copernicus. Octobre est le 15e mois (sur 16) où ce seuil a été franchi.
Selon Copernicus, il est désormais quasiment certain que 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première année avec plus d’1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. (Boris Roessler/dpa. Picture-Alliance. AFP)
publié le 7 novembre 2024 à 9h01

Il aura fallu moins de dix ans pour que le chiffre symbolique de l’accord de Paris soit dépassé de façon quasi certaine sur une année. A quelques jours de la COP29 en Azerbaïdjan. Selon les données de Copernicus, la barre d’un réchauffement à plus de 1,5 °C au-dessus de la période préindustrielle a probablement été atteinte en 2024. «Après 10 mois de l’année 2024, il est désormais quasiment certain que 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première année avec plus d’1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels», a détaillé ce jeudi 7 novembre Samantha Burgess, la directrice ajointe du service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen. Il est même «probable» que le réchauffement a dépassé 1,55 °C durant l’année.

Selon Copernicus, le mois d’octobre a été le deuxième plus chaud dans le monde, après octobre 2023, avec une température moyenne de 15,25 °C. Soit 1,65 °C de plus que les niveaux préindustriels (entre 1850 et 1900), avant que l’utilisation massive des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) ne réchauffe fortement l’atmosphère et les océans. C’est aussi le 15e mois (sur une période de 16) que la température moyenne dépasse 1,5 °C de réchauffement.

«Réhausser l’ambition» de la COP29

Cette déclaration survient à quelques jours de l’ouverture de la COP29, le 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Elle sera consacrée à la délicate recherche d’un nouvel objectif de financement pour permettre aux pays en développement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de s’adapter au changement climatique. Et pour Samantha Burgess, les nouvelles données annoncées par Copernicus doivent «servir de déclencheur pour rehausser l’ambition à la prochaine conférence sur le changement climatique».

En 2015, l’accord de Paris visait à contenir cette hausse des températures bien en dessous de 2 °C, et poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C. Il faisait toutefois référence à des tendances climatiques de long terme : la moyenne devra rester au-dessus d’1,5°C de réchauffement pendant 20 à 30 ans pour que l’on considère que la limite a été franchie.

Le monde n’est tout de même pas du tout sur la bonne voie pour respecter cette limite : fin octobre, le Programme des Nations unies pour l’environnement avait lui aussi alerté sur le manque d’ambition des politiques actuelles : selon ses calculs, elles entraîneraient un réchauffement «catastrophique» de 3,1 °C au cours du siècle. 2,6 °C en intégrant toutes les promesses de faire mieux, si tant est qu’elles soient tenues.

Limiter cette augmentation globale des températures permettrait pourtant d’éviter ses effets catastrophiques telles les sécheresses, canicules, pluies torrentielles. Ces conséquences meurtrières ont été illustrées il y a quelques jours encore, par les inondations dans le sud de l’Espagne, causant plus de 200 morts. Les scientifiques s’accordent que les précipitations extrêmes sont devenues plus fréquentes et intenses sur la majeure partie de la planète à cause du changement climatique. Ainsi Copernicus note que les précipitations ont été supérieures aux moyennes en octobre dans la péninsule ibérique mais aussi en France, dans le nord de l’Italie, en Norvège.