L’argent est le nerf de la guerre, même quand on parle de climat. En 2009, les pays développés, historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre qui surchauffent l’atmosphère, s’étaient collectivement engagés à aider financièrement les pays en développement à lutter contre le changement climatique. Ils avaient promis de verser 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) tous les ans à partir de 2020. Mais, sans surprise, cette somme n’a pas été atteinte dans les temps : en 2020, il manquait environ 17 milliards, contre 10 milliards en 2021. Mais en 2022 et avec deux ans de retard, «l’objectif est susceptible» d’avoir été atteint, estime dans un rapport publié jeudi 16 novembre l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’OCDE, chargée de la compatibilité officielle de cette promesse, précise qu’elle s’appuie sur des «données préliminaires» qui doivent encore être vérifiées.
Plusieurs pays développés ont aussi assuré ces derniers mois qu’ils étaient en bonne voie pour atteindre les 100 milliards en 2023. Jeudi soir, la négociatrice en chef de l’Allemagne pour le climat et ancienne cheffe de Greenpeace, Jennifer Morgan, l’a notamment affirmé. «La finance climat bénéficie d’un élan significatif» et «nous devons continuer à travailler», «sans alourdir le fardeau de la dette» des pays pauvres, a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse.
Le retard pris pour honorer l’engagement des 100 milliards est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations climatiques internationales, qui culmineront cette année lors de la COP28, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Après cette annonce de l’OCDE, la crise de confiance entre pays du nord et pays du sud pourrait être un peu moins explosive.
Mais l’aide des pays riches n’est pas suffisante face aux défis. «D’ici 2025, on estime que les pays en développement auront besoin d’environ 1 000 milliards de dollars par an pour les investissements climatiques, ce chiffre passant à environ 2 400 milliards chaque année entre 2026 et 2030», rappelle Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, dans le préambule du rapport. Des chiffres cruciaux à l’heure où les pays riches sont en train de réfléchir à un nouvel objectif collectif chiffré pour la période post-2025.
«Pour combler ce déficit, ces pays devront recourir à toute une série de sources de financement publiques, privées, nationales et internationales, souligne-t-il. Bien que le financement public ne puisse contribuer qu’en partie à ces besoins considérables, une participation accrue des bailleurs internationaux est essentielle.» Plusieurs ONG telle qu’Oxfam recommandent aussi de mettre en place des taxes sur les superprofits des entreprises, sur les entreprises fossiles ainsi que sur les patrimoines des plus riches pour abreuver les financements climat.