Alors que l’aridité et la désertification touchent déjà de nombreuses régions du monde, les plus longues périodes de sécheresse annuelle pourraient être rallongées de dix jours d’ici à 2080-2100 par rapport à ce qui avait été prévu jusqu’ici. C’est ce que conclut une étude publiée ce mercredi 18 septembre dans la revue scientifique Nature par des climatologues d’universités françaises, belges, espagnoles et sud-coréennes.
Aujourd’hui, plus de la moitié de la surface terrestre, et environ la moitié de la population mondiale, soit environ 3,2 milliards de personnes en 2020, sont touchés par des périodes de sécheresse qui peuvent durer au moins deux mois. Les modèles climatiques projetaient depuis des années une exacerbation des extrêmes secs dans beaucoup de régions du monde, en particulier pour deux scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, l’un modéré et l’autre élevé. Mais des incertitudes persistaient, compliquant la mise en œuvre de stratégies d’adaptation destinées à en minimiser l’impact environnemental et économique. Les chercheurs de l’Université de Gand (Belgique) Irina Petrova et Diego Miralles et leurs collègues ont donc souhaité affiner ces projections, en les comparant notamment avec les relevés effectifs du plus grand nombre consécutif de jours de sécheresse chaque année, établis entre 1998 et 2018.
Une tendance marquée en Europe du Sud
Les auteurs estiment que l’allongement prévu d’ici la fin du siècle de la durée des sécheresses annuelles les plus longues pourrait osciller entre 42% et 44% en moyenne, soit une dizaine de jours. Une tendance particulièrement marquée en Europe du Sud, Amérique du Nord, Amazonie, Indonésie, Afrique du Sud et à Madagascar. Les scientifiques notent aussi que, dans d’autres régions, notamment en Asie centrale et orientale et Afrique centrale et orientale, les périodes de sécheresse pourraient en revanche être raccourcies davantage qu’anticipé jusqu’ici. Mais cela n’a rien de rassurant, car le risque de précipitations et d’inondations plus fréquentes sera, lui, accru. De quoi confirmer une nouvelle fois, hélas, que le changement climatique tend à accentuer les tendances actuelles : plus de sécheresses là où c’est déjà sec, plus de précipitations, plus intenses, là où c’est déjà bien arrosé. Les auteurs de l’étude insistent donc sur la nécessité de réévaluer les risques de sécheresse dans le monde et soulignent l’importance de corriger les biais existants dans les modèles climatiques.