Menu
Libération
Décryptage

Comment expliquer la violence exceptionnelle du cyclone Chido au moment de toucher Mayotte ?

Cyclone Chidodossier
Selon le météorologue François Gourand, la puissance du phénomène qui s’est abattu sur le territoire français ce samedi tient à deux raisons : il a directement frappé l’archipel et a été dopé par des eaux particulièrement chaudes dans l’océan Indien.
Situation apocalyptique à Mayotte après le passage du cyclone Chido, le plus puissant sur l'île depuis 1934. (Capture d'écran/BSky)
publié le 14 décembre 2024 à 20h04

Mayotte, le département le plus pauvre de France, joue de malchance. Situé sur la trajectoire du cyclone Chido, ce petit bout de terre de l’océan Indien s’est retrouvé au cœur de la tempête ce samedi pendant quelques petites heures et cela a suffi à provoquer un cataclysme. Les autorités ont fait état samedi d’au moins deux morts et de dégâts «énormes» à Mayotte, tandis que Météo France a relevé des rafales de 226 km/h à l’aéroport de Pamandzi, à 6 kilomètres à l’est du chef-lieu, Mamoudzou.

Selon le météorologue à Météo France François Gourand, «pour que l’œil d’un cyclone touche un territoire aussi petit, il y a quand même une probabilité qui est extrêmement faible». D’où le caractère «exceptionnel» de l’événement. «Il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934, donc il y a 90 ans, pour trouver un impact aussi violent sur le département», rappelle le prévisionniste à Météo France . Chido dépasse ainsi le cyclone Kamisy d’avril 1984 qui faisait jusqu’alors figure de «référence» dans la zone, selon lui.

Chido a également profité «d’un environnement océanique exceptionnel depuis quelques années et notamment cette année, avec des températures de surface des eaux proches de 30 degrés et des eaux chaudes très profondes», décrypte le spécialiste qui ajoute : ce phénomène, lié au changement climatique, crée «un gros réservoir d’énergie disponible pour les cyclones».

Des vents faibles au sol et en altitude

Autre élément qui a favorisé le développement de Chido, «un cisaillement de vent faible», soit un vent qui change lentement, ce qui a permis au cyclone «de se structurer et de perdurer». S’il existe trop de différence de vent entre le sol et l’altitude, «cela peut déstructurer un phénomène cyclonique et l’empêcher de se développer. Et là, malheureusement, ce n’était pas le cas», explique François Gourand.

De tels phénomènes ne sont pas rares dans l’océan Indien, où la saison cyclonique démarre «à peu près au mois de novembre, avec un pic général entre le mois de décembre et le mois de mars, voire avril». Pour la saison actuelle, météo france avait annoncé une activité cyclonique légèrement supérieure à la normale, qui est de 10 tempêtes et cyclones, dont cinq cyclones tropicaux. La prédiction était «entre neuf et 13 tempêtes et cyclones, et quatre à sept cyclones tropicaux», rappelle François Gourand.