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Energie

COP 28 : la France appellera à tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici à 2050

Pour limiter le réchauffement climatique à +1,5° C, la France et cinq autres pays appelleront à financer et développer l’atome lors de la COP 28. Une quarantaine d’Etats, déjà nucléarisés ou qui veulent construire des réacteurs, font partie des cibles de cet appel.
La centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, le 5 octobre. (Jean-Marc Barrere/Hans Lucas.AFP)
publié le 15 novembre 2023 à 19h01

Le nucléaire, énergie d’avenir ? Convaincue par l’atome, la France poussera la communauté internationale à tripler les capacités de production nucléaire mondiale d’ici à 2050 pour limiter le réchauffement climatique. L’appel devrait se tenir lors de la COP 28, prévue du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Emirats arabes unis. La France, aux côtés de cinq autres Etats, espère ainsi rallier une quarantaine de pays, précise ce mercredi 15 novembre le ministère français de la Transition énergétique.

«La France est à l’origine de cette proposition» soutenue par le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Suède, la Corée du Sud et les Emirats arabes unis, pays hôte de la conférence climatique de l’ONU, a affirmé le ministère de la Transition énergétique. «La déclaration s’inscrit dans la stratégie de relance du nucléaire portée par la ministre en Europe et dans le monde», souligne-t-on dans l’entourage de la ministre Agnès Pannier-Runacher. La déclaration sera dévoilée le 2 décembre, au début de la COP 28, lors d’un événement où est annoncée la présence «probable» du président français Emmanuel Macron en clôture et celles d’autres dirigeants mondiaux, selon le ministère.

Un appel aux investissements

Le texte visera ainsi à promouvoir le triplement des capacités de production nucléaire d’ici à 2050, le rôle de l’atome dans la transition énergétique, et comportera un appel à la Banque mondiale et aux banques de développement à faire des efforts pour financer le nucléaire, «ce qu’elles ne font pas aujourd’hui». «L’un des grands messages que la ministre souhaite porter à la COP 28 […], c’est qu’on n’arrivera pas à respecter la limitation du réchauffement planétaire à +1,5 °C sans la contribution nucléaire», martèle le ministère, en référence à l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat.

Le groupe invitera tous les pays nucléarisés et ceux qui souhaitent construire des réacteurs à rejoindre cette déclaration, soit «à peu près 40 pays», à l’exception d’un acteur de premier plan, la Russie et de son allié biélorusse. La Chine, qui a contribué pour moitié aux dix chantiers nucléaires lancés dans le monde en 2022, fait partie des pays ciblés. «C’est la première fois qu’il y aura des messages forts sur le nucléaire dans une COP», se targue le ministère.

Les grandes agences de l’énergie prévoient toutes un net essor des capacités de production nucléaire pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) tablent au moins sur un doublement et l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) sur un triplement. La France, pays le plus nucléarisé au monde par habitant (56 réacteurs pour 68 millions d’habitants), est devenue le fer de lance européen de la relance de l’atome, à la tête d’une «alliance européenne du nucléaire» de 16 pays.