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COP28 : Macron parle charbon, le chef de l’ONU fustige le «chaos climatique», accord sur le trafic maritime… Ce qu’il faut retenir du deuxième jour

Les infos qu’il ne fallait pas louper ce vendredi 1er décembre, alors que les dirigeants des pays ont pris la parole chacun leur tour à la tribune du sommet et que plusieurs sujets majeurs ont été mis sur la table.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors de l'événement "Transformer les systèmes alimentaires face au changement climatique" en marge du sommet sur le climat COP28 à Dubai Expo, à Dubai, aux Émirats arabes unis, le 1er décembre 2023. (Saul Loeb/REUTERS)
publié le 1er décembre 2023 à 20h10

Après une photo de famille - où l’on cherche les femmes - ce vendredi 1er décembre, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont succédé à la tribune de la COP28 de Dubaï. Certains ont alerté sur les conséquences du réchauffement de la planète, quand beaucoup d’autres ont vanté l’action climatique de leur pays. La plupart se sont contentés de répéter leurs promesses, insuffisantes pour limiter la hausse des températures à + 1,5°C, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. A ce jour, les engagements pris par la communauté internationale mènent vers un réchauffement global de 3°C.

C’est le président de la COP28, Sultan al-Jaber, qui a ouvert le bal, en mettant à l’honneur les efforts de son pays, qui a pourtant l’une des empreintes carbone des plus lourdes au monde. «Les Emirats arabes unis ont fait leurs preuves en matière d’action climatique», a-t-il osé, affirmant que sa nation «travaillait à diversifier» son économie et à «renforcer» ses capacités en matière d’énergies renouvelables. Pour finir, l’hôte du sommet a tenu à raconter une «courte histoire», celle du père fondateur des Emirats arabes unis, un «pionnier qui croyait en l’amour de la nature, de la terre et en la protection de ses ressources». Tout un symbole.

«Les signes vitaux de la Terre s’affaiblissent»

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres a, comme à son habitude, tenu des mots forts. «Les signes vitaux de la Terre s’affaiblissent : émissions records, feux féroces, sécheresses mortelles, et l’année la plus chaude jamais enregistrée…» a-t-il listé, avant de lancer aux dirigeants, les exhortant à arrêter de brûler des combustibles fossiles : «Mais ce n’est pas trop tard. Vous pouvez éviter un crash planétaire. Pas réduire l’utilisation [des énergies fossiles], pas en limiter les émissions. Mais bien en sortir complètement, avec un calendrier clair.»

Affirmant que «le chaos climatique soutient les flammes de l’injustice», António Guterres a souligné l’importance de l’aide aux pays en développement, en première ligne face aux événements météorologiques extrêmes. La veille, les organisateurs du sommet ont annoncé la concrétisation historique d’un fonds de compensation «des pertes et dommages» en faveur des pays vulnérables, réclamé depuis des décennies. Les premières promesses atteignent environ 500 millions de dollars (459 millions d’euros), après l’annonce ce vendredi des contributions de la France et de l’Italie, qui verseront chacune 100 millions d’euros au pot. Une goutte d’eau par rapport aux besoins estimés qui pourraient atteindre 532 milliards d’euros par an.

Chose rare dans la machine onusienne, le chef des Nations unies s’est aussi adressé aux dirigeants des entreprises fossiles : «Ne misez pas sur un modèle économique obsolète, menez la transition vers les renouvelables.» Et de conclure face au parterre de chefs d’Etat : «Faites en sorte que cette COP compte. Faites en sorte que cette COP change la donne. Faites de cette COP le nouvel espoir de l’humanité.»

Le roi Charles III a de son côté joué sur la corde sensible. «En 2050, nos petits-enfants ne nous demanderont pas ce que nous avons dit. Ils vivront avec les conséquences de ce que nous avons fait ou n’avons pas fait», a-t-il lancé, alors qu’il s’est rendu à une COP pour la première fois en tant que monarque. «Je prie de tout mon cœur pour que la COP28 soit un tournant décisif en faveur d’une transformation réelle», a-t-il poursuivi, énumérant les catastrophes climatiques qui ont secoué la planète ces derniers mois. Et de conclure : «La Terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la Terre.»

Une déclaration sur le trafic maritime mondial

Emmanuel Macron, qui s’est octroyé plus de dix minutes, au lieu des trois réglementaires, pour exposer ses idées, a annoncé que la France sortirait définitivement du charbon en 2027, «sous [s]on mandat». «Les pays du G7 ont une responsabilité majeure, tout comme la Chine […]. Ils doivent montrer l’exemple et s’engager à mettre fin au charbon chez eux» avant 2030, a plaidé le Président. Emmanuel Macron a aussi salué la toute nouvelle déclaration sur l’industrie maritime, que la France, la Corée du Sud et le Danemark ont adoptée aux côtés de cinq des plus gros transporteurs maritimes mondiaux afin de favoriser la transition du secteur. Ils promettent de réduire de 80 % des émissions totales de leurs flottes d’ici 2040, au-delà des objectifs de l’Organisation maritime internationale, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 «au plus tard».

Le Premier ministre Narendra Modi, lui, a tenu à rappeler que l’Inde représentait «17 % de la population de la planète» pour «4 % des émissions mondiales», oubliant toutefois que son pays, accro au charbon, étouffe sous la pollution de l’air. Il s’est ainsi lancé dans un plaidoyer sur son pays, un «modèle pour le monde» par son équilibre trouvé «entre écologie et économie». Narendra Modi a aussi proposé d’accueillir la COP33, prévue en 2028. Du côté du Brésil, le président Lula a parlé au nom de la Terre qui «en a ras-le-bol des accords sur le climat qui ne sont pas respectés», alors que l’Amazonie brésilienne émet désormais plus de carbone qu’elle ne contribue à en séquestrer.

Plus de 130 pays se sont par ailleurs engagés ce vendredi à prioriser l’alimentation et l’agriculture dans leurs plans nationaux de lutte contre le changement climatique. Souvent parmi les grands absents de ces sommets onusiens, ces secteurs sont pourtant responsables d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Enfin, un premier jet de l’accord final de la COP28 propose aux pays de se prononcer sur une «réduction» ou une «sortie» des énergies fossiles. Sans doute le paragraphe qui sera le plus vivement débattu ces prochains jours.