La vingt-neuvième Conférence des parties sur le climat (COP29) s’est terminée dans la nuit de samedi à dimanche dans la capitale azerbaïdjanaise, Bakou, avec une impression mitigée de «peut mieux faire». Les 197 pays ont adopté un accord qui prévoit, d’ici 2035, que les pays développés approvisionnent de 300 milliards de dollars annuels l’enveloppe destinée à financer la transition des pays en développement, soit quasi moitié moins que la somme demandée par ces derniers. Sur le sujet de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la situation est pire qu’en demi-teinte, puisque les parties ont été incapables de s’entendre sur un texte pour réaffirmer l’engagement d’une «transition hors des énergies fossiles» pris en 2023 à la COP28 de Dubaï. Le bilan est donc bien gris. Mais entre des postures difficilement malléables, des obstructions en tout genre et une présidence azerbaïdjanaise critiquée, cette quinzaine de COP29 a également connu quelques moments de consolation, dont ces trois épisodes, qui méritent tout de même ici de s’y attarder.
Le Mexique a acté l’objectif «zéro émission nette» d’ici à 2050
La nouvelle est tombée lors d’une conférence de presse, par l’intermédiaire du représentant du ministère de l’Environnement mexicain envoyé à Bakou, Jose Luis Samaniego. Dernier pays membre du G20 à sauter le pas, le Mexique s’est enfin fixé pour ambition de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici la moitié du siècle. La planète se dirige vers un «avenir catastrophique», a lâché l’émissaire, fâché de voir «des messages politiques très troublants signalant des reculs au niveau du leadership climatique dans le monde». Le pays fait partie du top 12 des plus gros émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, et son pic d’émissions n’est toujours pas en vue. Le gaz naturel et le pétrole constituent à eux seuls presque 85 % de son mix énergétique. L’officialisation de ce nouvel objectif «net zéro» apparaît comme une première étape capitale pour cette nation jusqu’ici à la traîne dans ses politiques climatiques. Et puis, changement radical de taille : la nouvelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, élue en juin, est une climatologue, ancienne membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). «Nous ne pensons pas que ce sera facile, mais nous n’avons jamais eu un mandat politique aussi fort pour le faire», a appuyé Jose Luis Samaniego.
L’Indonésie met à la retraite ses centrales à charbon
Certains y voient un effet d’annonce. D’autres un engagement salutaire. En début de seconde semaine, à l’occasion du sommet du G20, le président indonésien, Prabowo Subianto, a promis la mise hors service de toutes les centrales électriques au charbon de son pays d’ici 2040. Ces dernières étant pour la majorité âgées de quinze ans maximum, il était prévu qu’elles fonctionnent jusque dans les années 2050. Changement de plan, donc, pour laisser plus vite la place aux renouvelables. «Il n’y a pas d’alternative, a déclaré le chef d’Etat. Nous sommes pleinement déterminés à prendre des mesures décisives pour réduire les températures mondiales, protéger l’environnement et faire face à la crise.» Le pays est le troisième producteur mondial de charbon, combustible fossile le plus polluant pour la planète qui représente 71 % de sa production d’énergie domestique. Il aura donc fort à faire pour mettre à la retraite ses centrales, mais il «s’agit d’un signe significatif et bienvenu», analyse Matt Webb, du centre de réflexion E3G. «Cette annonce a pris tout le monde par surprise, insiste-t-il. Bien sûr, nous devrons voir comment cela se traduira dans les politiques nationales, et la communauté internationale devra se mobiliser pour aider l’Indonésie à relever ce niveau d’ambition… Mais réjouissons-nous !»
Le Royaume-Uni et le Brésil montrent la marche à suivre
Ils sont, de loin, le binôme du G20 qui a le moins déçu dans l’arène officielle. Tandis que leurs collègues ont joué à la politique de la chaise vide lors des rituels discours de début de COP, eux ont choisi de prendre la parole – respectivement par la voix du Premier ministre britannique travailliste, Keir Starmer, et du vice-président brésilien, Geraldo Alckmin. Les deux Etats ont également publié leur «contribution déterminée au niveau national» (CDN), ces feuilles de route climatique qui détaillent les politiques à mettre en place à horizon 2035. En bref : le Royaume-Uni prévoit de baisser «d’au moins 81 %» ses émissions de gaz à effet de serre d’ici dix ans (par rapport au niveau de 1990) et le Brésil de «59 à 67 %» par rapport à 2005.
Les parties signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques ont jusqu’à février 2025 pour rendre ce document. En publiant en avance et pendant la COP29 leur CDN, certes imparfaites puisque le diable se cache dans les détails, le Royaume-Uni et le Brésil invitent les autres passer la seconde (Union européenne en tête). «Il n’y a pas de temps à perdre», a même exhorté le président Lula, mardi 19 novembre, à l’adresse des autres membres du G20, lors du sommet organisé chez lui. A Bakou, la présidence azerbaïdjanaise a même fait appel aux deux nations pour sortir des débats enlisés. Un exercice qui aurait été particulièrement réussi par le Brésil, futur hôte de la COP30 de Belém. «Le pays a poussé pour que l’objectif financier monte au moins jusqu’à 300 milliards de dollars annuels, ce qui n’était pas gagné, expose, ce dimanche depuis Bakou, Ricardo Baitelo, de l’Institut brésilien de l’énergie et de l’environnement. Nous aurions souhaité qu’il obtienne un chiffre encore plus élevé, mais sa performance a permis à la conférence de ne pas être totalement décevante.»