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Boycott

COP30 au Brésil : les Etats-Unis n’enverront pas de délégation officielle

Conformément à son positionnement climatosceptique, l’administration américaine a annoncé samedi 1er novembre qu’elle s’en tiendrait au strict minimum dans sa représentation au grand raout international sur le climat.

Le drapeau brésilien hissé à Belem, le 1er novembre. (Anderson Coelho/Reuters)
Publié aujourd'hui à 18h24

C’est tout sauf une surprise, mais c’est maintenant officiel : les Etats-Unis de Donald Trump seront absents de la COP30 au Brésil. Dans un communiqué publié samedi 1er novembre, la Maison Blanche a confirmé que Washington n’enverrait pas de «représentants de haut niveau» à la grand-messe climatique annuelle de l’ONU qui s’ouvre le 10 novembre à Belem.

«Le président dialogue directement avec les dirigeants du monde entier sur les questions d’énergie, comme en témoignent les accords commerciaux et les accords de paix historiques qui accordent tous une place importante aux partenariats énergétiques», a évacué la Maison Blanche dans le communiqué.

Lourd dossier climatosceptique

Cette défiance diplomatique vient alourdir le lourd dossier climatosceptique de Donald Trump, qui a qualifié régulièrement le changement climatique de «plus grande arnaque jamais menée». Avec, pour dernier acte de remise en question, une attaque de la science du climat à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre.

Auparavant, Donald Trump avait décidé, dès son retour au pouvoir en janvier, de retirer une nouvelle fois les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, comme il l’avait déjà fait lors de son premier mandat. La seule raison pour laquelle les Américains en font encore partie doit au préavis d’un an à respecter avant la sortie effective de l’accord. D’ailleurs, la COP23 à Bonn, en 2017, postérieure à ce premier retrait, avait vu une petite délégation gouvernementale américaine faire le déplacement, principalement pour prendre la défense des énergies fossiles.

Le président républicain pourrait d’ailleurs aller encore plus loin. Après avoir réduit en charpie un plan mondial destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre en menaçant de rétorsion les pays qui l’avaient ratifié, les défenseurs du climat redoutent que le milliardaire ne retire les Etats-Unis de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ce faisant, le geste empêcherait de futures administrations américaines en phase avec l’urgence climatique de réintégrer l’accord de Paris.

«Les élus locaux ont le pouvoir d’agir»

Si l’administration Trump boude l’événement climatique, plus d’une centaine de responsables américains locaux, gouverneurs, maires et autres élus feront, eux, le déplacement. «Nous venons en force», lance Gina McCarthy, conseillère climat de l’ex-président américain Joe Biden et coprésidente de la coalition «America Is All In» («L’Amérique est pleinement mobilisée»), qui regroupe ces élus engagés pour la cause climatique.

«Les élus locaux ont le pouvoir d’agir de leur propre chef, de mener une action climatique sur le territoire national comme à l’étranger», a-t-elle ajouté, et «nous tiendrons les promesses faites au peuple américain et à nos partenaires internationaux». En 2017, c’est le collectif «We are still in» («Nous sommes toujours mobilisés») qui avait fait le déplacement, sans pour autant combler le vide laissé par l’absence américaine.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a insisté pour organiser la 30e conférence annuelle des Nations Unies sur les négociations climatiques (10-21 novembre) en Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde, qui détient un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique et qui vient de connaître une nouvelle baisse de la déforestation pour la deuxième année consécutive.

Des dirigeants annoncés moins nombreux

Il a convoqué en amont à Belem un sommet des dirigeants mondiaux, prévu les 6 et 7 novembre. Moins de soixante ont confirmé leur présence à ce stade. Parmi eux, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, ou encore le président colombien Gustavo Petro. La Chine sera représentée par son vice-Premier ministre Ding Xuexiang.

En 2024, quelque 75 dirigeants s’étaient rendus à la COP29 en Azerbaïdjan, un chiffre déjà inférieur à celui de l’édition précédente à Dubaï. Selon le Brésil, 170 délégations sont accréditées pour la conférence climat de l’ONU. Dans un récent calcul fait à partir des politiques publiques proposées par les différents pays du monde, l’ONU a conclu que les efforts permettraient de réduire de 10% les émissions de carbone mais pas de tenir les engagements de l’accord de Paris.