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Libération
Sommet annuel

Crise climatique : les dirigeants du Pacifique réunis à «un moment crucial» pour la région

A partir de ce lundi 26 août, le Forum des îles du Pacifique, dont font partie la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, se réunit aux Tonga pour un sommet largement consacré au changement climatique, sur fond de rivalité sino-américaine dans la région et d’instabilité à Nouméa.
Les dirigeants des pays du Forum des îles du Pacifique, lors de l'ouverture de la réunion annuelle à Nuku'alofa, aux Tonga, ce lundi 26 août. (Charlotte Graham-McLay/AP)
publié le 26 août 2024 à 12h19

Le sommet annuel du Forum des îles du Pacifique (FIP) s’est ouvert ce lundi 26 août dans la capitale des Tonga, Nuku’alofa, alors que la région est confrontée, entre autres, à la hausse du niveau de l’océan. «Nous nous rassemblons à un moment crucial dans l’histoire de notre région […]. Nous sommes en première ligne de la bataille contre le changement climatique», a lancé le secrétaire général du FIP, Baron Waqa, de l’île de Nauru.

Le ministre du Climat de l’archipel des Tuvalu, un petit Etat de basse altitude, Maina Talia, a quant à lui exhorté les «pays les plus pollueurs» (comprendre : les pays du Nord) à assumer financièrement les coûts croissants liés au changement climatique, estimant que «le principe du pollueur-payeur doit être mis sur la table».

En parallèle, le jour même, un tremblement de terre de magnitude 6,9 a secoué les Tonga, selon le service sismologique américain, déclenchant de brèves évacuations au niveau de la côte mais aucune alerte au tsunami.

Le FIP regroupe 18 Etats et territoires associés d’Océanie, dont, depuis 2016, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Beaucoup de ses membres sont aujourd’hui menacés d’anéantissement pur et simple par la montée du niveau de l’océan due au réchauffement climatique. Un pays comme les Tuvalu, avec un point culminant de 4,6 mètres, pourrait ainsi disparaître d’ici trente ans. «Les décisions que les dirigeants du monde prendront dans les années à venir détermineront le sort, d’abord des insulaires du Pacifique, et ensuite du reste du monde, prédit le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, invité au sommet. Si nous sauvons le Pacifique, nous sauvons le monde».

Rivalité sino-américaine

Les participants au sommet devraient lancer un nouvel appel en faveur d’un fonds local d’adaptation au changement climatique face au tarissement des aides étrangères. Ils se pencheront aussi sur la candidature de l’Australie, membre du FIP et l’un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz, à l’organisation de la COP31 en 2026.

Le stade couvert où se tient le sommet de Nuku’alofa, d’un coût de 25 millions de dollars, est un cadeau de la Chine. Pékin courtise résolument les petits pays du Pacifique, utilisant ses largesses pour construire complexes gouvernementaux, salles de sport, hôpitaux et routes. Craignant que la Chine n’en profite pour installer des bases militaires permanentes dans la région, les Etats-Unis et l’Australie ont contre-attaqué en distribuant de l’aide, en signant des accords bilatéraux et en rouvrant des ambassades désaffectées depuis longtemps. La délégation américaine au forum est d’ailleurs conduite par Kurt Campbell, l’un des artisans de ces efforts.

Endetté, le royaume des Tonga est considéré comme particulièrement vulnérable aux pressions économiques de la Chine. Il doit à la banque chinoise d’exportation quelque 130 millions de dollars, soit environ un tiers de son produit intérieur brut. «Nous sommes au carrefour d’intérêts géopolitiques mondiaux, résume le secrétaire général du FIP, Baron Waqa, pourfendeur de la rivalité sino-américaine dans la région. Nous devons rester vigilants sur les problèmes de sécurité régionale.»

Crise en Nouvelle-Calédonie

A ces difficultés s’ajoutent les violences qui font rage depuis mai en Nouvelle-Calédonie. Le sujet a été rapidement abordé au premier jour du sommet. «Nous devons aboutir à un consensus sur notre vision pour une région de paix et de sécurité, a tancé le Premier ministre tongien, Siaosi Sovaleni. Nous devons honorer la vision de nos ancêtres sur l’autodétermination, y compris en Nouvelle-Calédonie.»

Les violences, qui y ont fait onze morts, ont éclaté le 13 mai pendant l’examen au Parlement français du projet de réforme électorale, accusé par ses détracteurs de marginaliser la population autochtone kanak. Cette réforme a été depuis suspendue mais les indépendantistes, qui en demandent l’abandon, restent mobilisés. La cause kanak trouve un large écho dans le bloc Pacifique, qui regorge d’anciennes colonies. Baron Waqa a notamment critiqué le transfert en France métropolitaine de détenus indépendantistes arrêtés pendant les émeutes.