Moins «cataclysmique» que prévu. Le gros de l’œil du cyclone Belal, arrivé lundi 15 janvier au matin sur l’île française de la Réunion, semble être passé. L’alerte violette a été rétrogradée en ce début d’après-midi en alerte rouge cyclonique, permettant aux secours d’intervenir et d’évaluer les dégâts de cette «forte tempête tropicale», comme la définissent les météorologues. «Nous ne sommes pas du tout sortis du cyclone, mais on est en deçà du caractère cataclysmique» craint initialement, a affirmé durant une visioconférence le préfet de l’île, Jérôme Filippini, appelant toutefois à la prudence face au caractère imprévisible du phénomène. «On voit le bout du tunnel […] si Belal a la gentillesse de ne pas nous réserver de surprises ce soir ou demain matin», a-t-il ajouté.
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Le cyclone a toutefois fait un mort, celle d’un sans domicile fixe – une information confirmée par la préfecture dans la matinée. La victime se situait à Saint-Gilles, toujours selon le préfet de ce département-région de l’océan Indien de quelque 870 000 habitants. L’entièreté de la population est confinée, tandis que les autorités s’attendent à des rafales de vent de 250 km/h et des rivières en crue. Le basculement en alerte rouge «ne change rien pour la population», met ainsi en garde Jérôme Filippini. De son côté, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé l’arrivée de «renforts […] dans les prochaines heures à la Réunion», sans aucune certitude sur une réouverture de l’aéroport de l’île. En plus des gendarmes, des agents d’Enedis vont être envoyés sur place, le département subissant de nombreuses coupures de courant.
À la demande d’@EmmanuelMacron et de @GabrielAttal, des renforts seront envoyés dans les prochaines heures à la Réunion. Près de 150 personnels de la sécurité civile, des gendarmes ainsi que des agents d’@enedis arriveront sur place dès la réouverture de l’aéroport. Nos…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 15, 2024
L’alerte violette, le plus haut niveau de l’alerte cyclonique, synonyme de «danger imminent», avait été déclenchée dès 6 heures heure locale (3 heures à Paris). Elle imposait à l’île, précédemment placée en alerte rouge dimanche, un confinement strict, y compris pour les services de secours et de sécurité, qui ne pouvaient plus circuler. «Nous allons entrer dans le dur […], dans la phase la plus active et potentiellement la plus dangereuse de cet épisode cyclonique. C’est maintenant que les choses difficiles commencent», avait prévenu le préfet de la Réunion, tôt ce matin.
«L’œil va [atteindre] directement la Réunion dans les prochaines heures, la traverser, pour s’évacuer vers le sud-est en fin de journée», a informé la directrice interrégionale de Météo France pour l’océan Indien, Céline Jauffret. Le cyclone tropical s’est intensifié dans la nuit de dimanche à lundi, et les conditions sur l’île se sont dégradées, avec des pluies fortes et durables qui ont déjà inondé quelques routes et une houle qui s’est creusée. «On s’attend à un renforcement brutal» des vents «dans les prochaines heures» : déjà recensées à 140 km/h à Petite-France (ouest), les rafales pourraient atteindre, «au plus fort de l’événement, […] 200 km/h sur le littoral et 250 km/h sur les hauts habités», a précisé Cécile Jauffret. Et attention aux signes trompeurs, a redit la météorologiste : «Au passage de l’œil, il va y avoir des périodes d’accalmie. Elles sont temporaires et ne signifient pas que le cyclone est parti. Toute la journée, on va avoir des sautes brutales de vent.»
Motif de relatif soulagement, «Belal ne devrait toutefois pas atteindre le stade de cyclone tropical intense», selon les services de météorologie, qui comparent son impact à celui du cyclone Firinga en 1989. En février 2023, l’île avait été frôlée par le cyclone Freddy qui n’avait pas occasionné de dégâts majeurs. La Réunion n’a plus été frappée par un cyclone intense depuis dix ans et le passage de Bejisa dans les premiers jours de 2014.
Confinement strict
Les autorités sont aussi «préoccupées par l’ensemble des cours d’eau», pour lesquels un pic de crue est attendu ce lundi en fin de matinée, selon le préfet. «Soyez prudents, restez chez vous. L’Etat est mobilisé à vos côtés», a pour sa part déclaré le président Emmanuel Macron dans un message posté sur X (ex-Twitter) dimanche. «Mes pensées vont aux habitants de la Réunion confrontés à un terrible cyclone. Merci à tous nos agents publics sur le pont pour protéger nos concitoyens», a également réagi le Premier ministre, Gabriel Attal, sur le même réseau social.
Les centres d’hébergement mis en place ont été encore peu sollicités : environ 600 personnes y ont été admises, notamment parmi la population la plus précaire ou vulnérable en cas de crues. «Nous avons procédé jusqu’au dernier moment possible à des évacuations», a souligné le préfet, précisant que «près de 100 personnes» avaient été mises à l’abri au cours d’ultimes opérations menées en fin de soirée et durant la nuit, avant le confinement strict.
L’aéroport international Roland-Garros, sur la commune de Sainte-Marie (nord), a fermé dimanche dès 16 heures heure locales, et tous les réseaux de transports en commun se sont arrêtés à 18 heures. Le préfet a renouvelé ce lundi matin ses «encouragements aux Réunionnais, qui font preuve de patience». Et d’affirmer : «Ils prennent part à la gestion de cette crise en restant chez eux.»
Mise à jour : à 8 h 40 avec l’arrivée de l’œil du cyclone ; à 9 h 20 avec le premier mort recensé sur l’île ; à 10 h 10 avec la fin de l’alerte violette pour permettre aux secours d’intervenir.