Sur les premières cartes que diffuse le programme spatial européen Copernicus, les points rouges figurent les bâtiments détruits et les points orange et jaunes représentent ceux qui ont été endommagés ou possiblement endommagés. Le document est encore parcellaire, avec de nombreuses données manquantes, mais il permet de saisir l’ampleur des dévastations provoquées par le cyclone Chido qui a frappé Mayotte, samedi, avec des rafales de vent à plus de 220 km/h.
Outre l’envoi de secours et d’aide humanitaire à destination de l’archipel de l’océan Indien, il a aussi décidé de mobiliser la technologie spatiale pour venir en aide population sinistrée. Ce lundi 16 décembre, le Centre national d’études spatiales (Cnes) a annoncé l’activation du dispositif de gestion d’urgence du programme Copernicus (Cems, dans son acronyme anglais), qui permet d’utiliser les satellites Pléiades développés par l’institution et les images radars au service de l’aide humanitaire.
«C’est un dispositif qui offre une vue d’ensemble d’une zone touchée par un désastre, dans un délai très court, explique à Libération Linda Tomasini, experte en application spatiale au Cnes. Il permet de savoir rapidement quels sont les lieux les plus endommagés, de détecter les bâtiments sinistrés et de connaître les dégâts subis par les infrastructures.» Les images fournies par les satellites aideront ainsi les secours dans la «mise en place leur plan d’action». Cet outil est d’autant plus utile pour Mayotte compte tenu des routes bloquées par des débris, ainsi que des difficultés d’accès au réseau téléphonique et internet, qui perturbent l’organisation des opérations de sauvetage sur place.
Avec la technologie spatiale, les secours peuvent aussi repérer des personnes dans le besoin pour leur venir en aide. «Quand la couverture nuageuse est favorable, les images permettent de voir des détails de dimension inférieure à un mètre, et donc par exemple des regroupements de population ou des installations de tentes», souligne Linda Tomasini. Cela pourrait notamment aider les autorités qui sont toujours à la recherche de milliers de personnes qui vivaient dans les nombreux bidonvilles de l’archipel, dont on est toujours sans nouvelle.
Reportage
Lors du séisme qui avait causé plusieurs dizaines de milliers de morts en Turquie et en Syrie en 2023, par exemple, les responsables du dispositif de gestion d’urgence de Copernicus avaient «été en mesure de repérer des regroupements de réfugiés dans plusieurs zones» grâce à ce dispositif.
Mis en place au début des années 2010 par la Commission européenne, l’outil peut être activé n’importe où dans le monde, par les Etats-membres de l’Union européenne ou par leurs représentations diplomatiques à l’étranger. Les autorités espagnoles y ont par exemple eu recours à la suite des inondations qui ont frappé la région de Valence, fin octobre. La France aussi l’a déjà mobilisé à de nombreuses reprises. Avant Chido, la dernière en date remontait à un épisode orageux dans le Grand-Est, à la fin du mois de juin.