Aux Bossons, il y a l’amont : un glacier constellé de séracs blanc, bleu, vert émeraude, ternis par la chaleur et la boue. Long de sept kilomètres, amputé déjà de quasi deux en l’espace de trente ans. Trois mille mètres de dénivelé enserrés par des forêts de conifères, quelques feuillus et des moraines couleur plomb. Ses courbes plongent vers le pays de Chamonix, visibles depuis la nationale menant jusqu’au tunnel du Mont-Blanc. Et puis, il y a l’aval : un hameau de Haute-Savoie portant le même nom. Juché à mille mètres, avec son télésiège, sa gare et ses quelque 1 200 habitants. Aussi verdoyant et paisible qu’on puisse l’imaginer. Mais le regard en l’air, tourné vers l’éléphant de glace chancelant, inquiet de la tournure menaçante des récents évènements : là-haut, la flambée des températures et le recul du glacier des Bossons ont formé un lac lourd de 13 000 mètres cubes d’eau, retenu par des barrières naturelles instables, juste au-dessus du toit des maisons.
Depuis un mois, l’équipe de Mathieu Tisné, gestionnaire des risques naturels à la communauté de communes de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc, s’affaire donc à 1 700 mètres d’altitude pour mettre en œuvre la vidange artificielle de ce lac «proglaciaire». Ce 26 juillet, après une ascension de deux heures, élus et scientifiques sont réunis pour un dernier point d’étape. L’énoncé des travaux est simple : creuser un exutoire au moyen de deux pelles araignées jaune de chrome, afin de contrôler et assurer, durant la première