Les dégâts des précédentes inondations ne sont pas encore épongés que de nouvelles crues s’abattent sur le Pas-de-Calais. Ce mardi 2 janvier, moins de deux mois après les montées des eaux historiques et dévastatrices de la fin novembre, plus de 40 mm de pluie sont tombés sur le département de nouveau passé en alerte rouge par Météo France. Au départ placé en vigilance orange aux pluies et aux inondations aux côtés de huit autres départements (Finistère, Loire-Atlantique, Manche, Mayenne, Morbihan, Orne, Sarthe et Vendée), le Pas-de-Calais regarde, impuissant, l’eau monter inexorablement, tandis qu’en fin de journée mardi, le nord et le nord-ouest du pays sortaient de la vigilance orange.

Dans le Pas-de-Calais, l’alerte rouge concerne le fleuve côtier Aa, a annoncé Vigicrues. «L’atteinte de niveaux exceptionnels est prévue dès la soirée», prévient l’organisme de surveillance, qui a classé tous les autres principaux cours d’eau du département en orange. Face à la menace, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonce sur X (ex-Twitter) le renforcement du «dispositif de secours déjà engagé avec 120 nouveaux sapeurs-pompiers, des militaires de la sécurité civile et des nouveaux moyens de pompage».

Entre la fin d’après-midi lundi et mardi matin, les pompiers du Pas-de-Calais ont comptabilisé onze interventions en lien avec les précipitations, dont cinq pour des habitations inondées. Au camping de Rebecques, 17 personnes ont été mises à l’abri dans une salle des fêtes après une inondation, selon la préfecture du département. A Bourthes, le centre du village est de nouveau sous l’eau, tandis qu’à Thérouanne, la Lys est sortie de son lit, faisant craindre de nouveaux dégâts sur des maisons encore humides. Adam Beernaert, directeur général de la protection civile du Pas-de-Calais, évoque auprès de Libération un «alignement des planètes, mais dans le mauvais sens». «Il pleut en grande quantité, les nappes phréatiques sont pleines, les sols sont gorgés d’eau, les marées poussent l’eau vers l’intérieur des côtes… On ajoute de l’eau à de l’eau», illustre-t-il.

Avec cette nouvelle alerte crues, le moral commence à flancher pour de nombreux habitants du Pas-de-Calais. «La difficulté, c’est la répétition des crises. Cela fait deux mois que les gens sont dans l’eau», relate Adam Beernaert, qui dit s’attendre à une hausse des appels à l’aide dans les prochains jours. Car la décrue n’est pas prévue pour tout de suite. Vigicrues prévoit des risques de «débordements importants» sur l’ensemble des cours d’eau de la région dans la nuit de mardi à mercredi et redoute «des perturbations [sur] les transports ferroviaires», «des coupures d’électricité» et des «digues […] fragilisées ou submergées». La peur de voir l’eau franchir à nouveau le palier de la porte inonde les esprits. Et Adam Beernaert de prédire : «Il y aura des séquelles psychologiques.»