Un effet boule de neige. Dans le cadre d’un référendum municipal organisé dimanche, les habitants de Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence) ont validé la fin de l’activité ski dans la station du Grand Puy, gérée par la commune. Deux jours plus tôt, vendredi, la station de ski de l’Alpe du Grand Serre (Isère), vieille de 85 ans, a aussi dit fermer ses portes. Depuis plusieurs saisons, le réchauffement climatique a fragilisé de ces deux domaines, situés à une faible altitude.
Avec ses 24 kilomètres de piste, le domaine skiable du Grand Puy est situé entre 1 370 mètres et 1 800 mètres d’altitude. Dimanche, les habitants ont dit «oui» à la fermeture de la station par 71,31 % voix, avec une participation de 756 citoyens sur les 1 305 inscrits des listes électorales. Ce référendum fait suite à un premier vote des élus cet été. Le 22 juillet, avec 12 votes favorables, une abstention et deux votes «contre», les élus de cette commune de la vallée de la Blanche avaient voté en faveur de «la fermeture des remontées mécaniques au 1er novembre» et la «cession de l’ensemble du matériel (télésiège, téléskis, enneigeurs, dameuses…)».
Reportage
Cette procédure a été motivée par l’absence régulière de neige, qui a occasionné une chute de la fréquentation. Selon la commune, le nombre de «journées skieurs» vendues est passé de 17 000 journées pendant l’hiver 2013-2014 à 6 000 journées en 2023-2024. De ce fait, la structure cumulait des centaines de milliers d’euros de pertes par an. La municipalité envisage désormais de proposer de nouvelles activités à ses visiteurs, «des activités de sport et de nature respectueuses de l’environnement», a précisé le maire, Laurent Pascal. La transformation d’une retenue collinaire en lac de pêche et la construction d’un stade de trail ont notamment été évoquées. La mairie assure que ces projets seront décidés en concertation avec la population.
Fin des subventions pour les remontées mécaniques
Quant à la station de ski de l’Alpe du Grand Serre, la communauté de communes iséroise de Matheysine a acté vendredi la fin des subventions pour les remontées mécaniques. Une majorité de «oui» – 47 voix sur 61 – a mis fin au partenariat de la commune avec la société Sata, spécialisée en remontées mécaniques, confirmant ainsi une information du Dauphiné Libéré.
«200 emplois directs et indirects et autant de familles» seront affectés, a déploré Marie-Noëlle Battistel, la députée PS de la 4e circonscription iséroise, qui a tenu une réunion publique sur place dimanche. Cette décision, à deux mois de l’ouverture de la saison, scelle le sort de cette station de moyenne montagne située sur la commune de La Morte, à 1 370 mètres d’altitude. La station comprend trois télésièges, des téléskis et 50 kilomètres de pistes, dont les plus hautes serpentent à 2 200 mètres d’altitude.
Réchauffement climatique
Depuis 2017, la communauté de communes a financé à hauteur de 2,7 millions d’euros l’exploitation du domaine skiable, mais les déficits se sont accumulés à chaque exercice comptable. Pour Coraline Saurat, présidente de la CCM, les élus étaient face à «un choix cornélien», puisque «poursuivre l’exploitation dans ces conditions» aurait impliqué de renoncer à d’autres projets. «Ce n’est pas faute d’avoir travaillé d’arrache-pied depuis trois ans à la construction d’un projet de transition, à l’assainissement des comptes de la régie et au maintien de l’exploitation dans l’espoir d’un avenir meilleur», a défendu Coraline Saurat.
Le sort de ces deux stations de ski n’est pas un cas isolé. Plus de 180 domaines skiables ont été fermés en France depuis les années 70, en grande majorité des microstations familiales ou communales non rentables et situées en moyenne montagne, selon le décompte du géographe Pierre-Alexandre Metral, doctorant à l’université de Grenoble spécialiste des stratégies de reconversion. Le réchauffement climatique, qui rend la neige plus incertaine, complique les activités des stations touristiques et leurs rendements depuis les années 2000.