Les principales puissances du monde dépendent toujours du charbon pour leur électricité. La pollution par habitant générée par cette ressource énergétique continue même de croître dans les pays du G20, selon un rapport publié mardi 5 septembre par le groupe de réflexion dédié au climat et à l’énergie Ember. De 2015 à 2022, les émissions de carbone liées aux centrales à charbon ont augmenté de 9 %.
De quoi alimenter les réflexions des dirigeants de ces pays réunis à New Delhi, en Inde, ce week-end ? En juillet, les ministres de l’Environnement du G20 avaient échoué à trouver un accord sur le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 pour faire face au changement climatique. Ils sont pourtant collectivement responsables de 80 % des émissions mondiales liées à l’énergie.
Dans le détail, tous les pays ne suivent pas la même dynamique. Douze membres du G20, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis, ont ainsi réussi à réduire considérablement leurs émissions par habitant. Mais d’autres, tels que l’Inde, l’Indonésie et la Chine, les ont vues grimper. En Indonésie, les émissions de CO2 liées au charbon par habitant sont en hausse de 56 % depuis 2015, selon le rapport, tandis qu’un groupe de pays riches et d’institutions internationales s’était engagé l’an dernier à verser à cet Etat 20 milliards de dollars (environ 18,67 milliards d’euros au cours actuel) pour réduire sa dépendance au charbon.
Ces dynamiques sont à mettre en regard des émissions brutes de chaque pays et des émissions par habitant. «La Chine et l’Inde sont souvent accusées d’être les principaux pollueurs au charbon, décode Dave Jones, analyste spécialiste du secteur de l’électricité chez Ember. Mais si l’on tient compte de la population, la Corée du Sud et l’Australie étaient encore les plus gros pollueurs en 2022.»
Parmi les pays qui sont parvenus à réduire leurs émissions globales, certains continuent d’émettre bien plus que d’autres au regard de la moyenne mondiale par habitant, souligne le rapport. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les centrales électriques au charbon qui ne déploient pas de technologie permettant le captage du carbone doivent réduire leurs émissions de 70 à 90 % d’ici à huit ans.
Le groupe de réflexion déplore que de nombreux pays du G20 n’aient pas encore dévoilé de stratégie pour réduire leurs émissions liées au charbon. Ember s’est intéressé ici seulement à l’utilisation du charbon dans la production d’électricité (environ deux tiers des usages, le reste étant le chauffage et les procédés industriels en métallurgie notamment).
«L’essor de l’énergie éolienne et solaire contribue à réduire les émissions de charbon par habitant dans de nombreux pays, mais ce n’est pas encore suffisant pour répondre à la demande croissante en électricité dans la plupart des pays émergents», avertissent les auteurs du rapport. Qui appellent par conséquent les pays membres du G20 à s’accorder sur un plan pour tripler l’utilisation d’énergies renouvelables d’ici à 2030, et réduire progressivement la production d’électricité à partir du charbon.