Records de température et incendies : le bilan d’une journée dans l’étouffoir. En France, le mercure a atteint 41°C en Corse, parfois dépassé 40°C dans le sud du pays et enregistré des records de température des Alpes aux Pyrénées. Le bassin méditerranéen a lui aussi été frappé de plein fouet avec 40°C, notamment à Rome ou dans le sud de l’Espagne. En Grèce, les pompiers ont connu une deuxième «journée difficile» dans la lutte contre plusieurs incendies : 47 feux se sont déclarés au cours des dernières 24 heures et deux d’entre eux n’étaient toujours pas maîtrisés en fin de journée. Et mercredi s’annonce tout aussi chaud : 44°C attendus en Grèce, dix départements français en vigilance orange canicule… Armez vos ventilos et ouvrez vos fenêtres la nuit , l’été est loin d’être terminé.

De multiples incendies ravagent la campagne syrienne. Les pompiers syriens se sont mobilisés mardi pour combattre plusieurs feux dans le centre de la Syrie, rapporte l’agence Reuters. Les températures ont atteint 40°C dans certaines régions du pays. Les incendies touchent particulièrement les terres agricoles. Dans la province de Homs, à l’ouest du pays, les équipes sur place avaient du mal à contenir le feu en raison du caractère «montagneux et accidenté» du terrain, a indiqué le chef de la protection civile en charge de l’incendie.

En Floride, la barrière de corail menacée par les températures océaniques. Une alerte a été émise pour un risque de «blanchiment sévère et d’une mortalité importante» des coraux autour de l’archipel des Keys en Floride, au sud des Etats-Unis. Le département de surveillance de la barrière de corail, qui dépend de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, a choisi de placer certaines zones du golfe du Mexique et de l’océan Atlantique, où la température de l’eau a parfois dépassé les 37°C, au plus haut niveau d’alerte.

La précarité énergétique, c’est aussi l’été dans le Vaucluse. Marie-Claire Reynaud est restée toute la journée calfeutrée à son domicile à Bollène, dans le Vaucluse, où les températures ont atteint 35 degrés à 16 heures. La Bollenoise de bientôt 79 ans explique souffrir de la chaleur mais n’ose pas allumer plus de quelques heures la climatisation à son domicile, de peur d’avoir une mauvaise surprise à la fin du «J’alterne avec un ventilateur sur pied, raconte Marie-Claire. C’est dur mais je ne peux pas me permettre de payer trop cher.» De notre correspondante Anouk Anglade.

Des Alpes aux Pyrénées, de nombreux records locaux de température battus. Dans le sud-est de la France, les températures ont continué de grimper mardi après-midi. Localement, de nombreux records de chaleur ont été franchis et la barre des 40°C parfois dépassée, notamment à Verdun dans l’Ariège, avec 40,6°C à 550m d’altitude, et à Serralongue dans les Pyrénées-Orientales, avec 40,4°C à 700m, selon des valeurs provisoires relevées à 17h par Météo-France. Les températures ont aussi battu des records avec 29,5°C à l’Alpe d’Huez (1860m), 38,3°C à Renno en Corse (755m), 36°C à Avrieux en Savoie (1104m), 38,6°C à Aups dans le Var (497m) et 37,3°C à Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône (565m).

Contre la chaleur, des arrêts de travail pour les gardiens de l’Acropole d’Athènes. Les gardiens de l’Acropole d’Athènes et de plusieurs sites archéologiques grecs vont cesser de travailler quatre heures par jour entre jeudi et dimanche, a annoncé mardi leur syndicat Peyfa. En raison des conditions de travail difficiles liées à la chaleur caniculaire, les employés ne travailleront pas entre 16 heures et 20 heures pendant cette période. Ces derniers jours, les gardiens ont travaillé dans des conditions «extrêmes [..] avec des températures supérieures à 45°C», a précisé le syndicat.

Vaucluse : les bibliothèques mobilisées pendant la canicule. Dans le département, en alerte canicule depuis ce midi, plusieurs communes ont mis à disposition des salles climatisées dans les bibliothèques afin d’accueillir les personnes souhaitant se rafraîchir. Ce mardi après-midi, la bibliothèque de Bollène est exceptionnellement ouverte au public. «Mettre à disposition les bibliothèques c’est l’idéal dans les petites communes puisque c’est le principal équipement culturel en centre-ville, et nous sommes facilement identifiables par la population», explique Julien Vidal, directeur de la bibliothèque de Bollène. De notre correspondante Anouk Anglade.

En Irak, des manifestations contre les pénuries d’eau. Des dizaines de personnes ont défilé mardi à Bagdad pour dénoncer les pénuries d’eau et d’électricité dont souffre l’Irak, en pleine canicule. Les températures avoisinent les 50°C dans ce pays qui connaît sa quatrième année de sécheresse consécutive. L’Irak est aussi considéré par l’ONU comme l’un des cinq pays au monde les plus exposés à certains effets du changement climatique. Les manifestants ont dénoncé le rôle de la Turquie dans ces pénuries : le gouvernement turc construit des barrages en amont du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves qui approvisionnent normalement l’Irak en eau.

En Iran, température ressentie : 63°C. L’aéroport du Golfe persique, situé au sud de l’Iran, a relevé 63°C d’indice de chaleur ce mardi, d’après les données météorologiques américaines. L’indice de chaleur prend en compte tous les paramètres météorologiques du moment, notamment l’humidité de l’air, pour représenter la chaleur ressentie par le corps humain. À 13h30 (heure locale), la station météo rapporte ainsi une température extérieure de 41°C et 61% d’humidité dans l’air, soit une température ressentie de 63°C. Au même endroit, la station météo de l’aéroport avait enregistré dimanche une chaleur ressentie de 67°C.

A Gaza, la chaleur rend les pénuries d’électricité encore plus insupportables. La masse d’air chaud qui traverse l’hémisphère Nord a atteint la bande de Gaza et accentue les conséquences des pénuries d’électricité que connaît régulièrement la zone, provoquant la colère des résidents. Les 2,3 millions d’habitants de Gaza ont l’habitude de subir des coupures d’électricité jusqu’à 12 heures par jour. Dans ce territoire contrôlé par le mouvement islamiste Hamas depuis 2007, les températures dépassent actuellement les 38°C. Sur les réseaux sociaux, des habitants ont partagé des vidéos montrant leurs enfants dormant sur le sol pour se rafraîchir. En été, la bande de Gaza a besoin d’environ 500 mégawatts par jour mais Israël ne fournit que 120 mégawatts et la centrale électrique locale seulement 60.

La vigilance orange canicule élargie à trois nouveaux départements mercredi. Météo-France a placé dix départements et Andorre en vigilance orange canicule pour ce mercredi. Hérault, Gard et Bouches-du-Rhône viennent s’ajouter aux sept autres départements déjà en vigilance ce mardi, où les températures ont parfois dépassé les 40°C. L’agence météorologique prévoit pour mercredi des températures «en baisse sensible de l’ouest de l’Occitanie à Rhône Alpes, mais la chaleur persistera sur PACA et Corse, et s’accuentuera sur le Languedoc», écrit-elle dans son bulletin.

La Catalogne endure un pic à 45°C. Depuis la matinée de ce mardi, le mercure n’a fait qu’augmenter en Catalogne, au nord-est de l’Espagne. À midi, il faisait déjà 41,7°C dans la province catalane de Gérone. Plus tard dans l’après-midi, le thermomètre a même atteint les 45°C par endroits, bien plus haut que le précédent record de température enregistré en juin 2019 dans la région, de 43,8°C.

En Floride, les hautes températures de l’eau pourraient augmenter le nombre d’ouragans. Aux Etats-Unis, la vague de chaleur se ressent aussi dans le Golfe du Mexique et l’océan Atlantique. Autour de la Floride, dans le sud-est du pays, la température de l’eau a parfois dépassé les 37°C, souligne CNN. En plus des conséquences désastreuses sur la faune et flore marine, la température de l’eau est aussi l’un des principaux ingrédients dans la formation d’ouragans, rappelle le média américain. Le centre de recherche météorologique de l’Université du Colorado prédit ainsi 9 ouragans cette saison (de juin à fin novembre) contre 7 ouragans en moyenne entre 1991 et 2020. Le nombre de «tempêtes nommées» devrait lui aussi augmenter, passant de 14 en moyenne entre 1991 et 2020 à 18 cette année.

En Grèce, la lutte compliquée contre les incendies. Plusieurs feux de forêt font toujours rage dans la région d’Athènes et les pompiers sur place font face à «une journée difficile», a déclaré en milieu de journée mardi le porte-parole des sapeurs-pompiers grecs, Yannis Artopios. «Les pompiers sont aux prises avec plusieurs incendies et se battent dans de nombreux secteurs du territoire», a-t-il ajouté. L’incendie le plus violent se situe actuellement dans la forêt de Dervenohoria, à 50 km au nord d’Athènes. Quatre localités aux alentours ont reçu l’ordre d’évacuer.

Les Pyrénées-Orientales suffoquent déjà. Des températures extrêmes étaient prévues, elles ne se sont pas faites attendre. A la mi-journée, dans les Pyrénées-Orientales, Météo-France a enregistré plusieurs records, notamment à Serralongue, avec 39,8°C à 700 mètres d’altitude. Autre record à 1 000 mètres, avec 37,6°C à La Llau. Ces températures ont été enregistrées à midi mais, selon Météo-France, les chiffres du début d’après-midi devraient être encore plus impressionnants.

La Corse-du-Sud dépasse les 41°C. Une station météorologique de Corse-du-Sud a enregistré mardi une température de 41,1°C. Ce qui a provoqué le passage du département en niveau 3 «alerte canicule» du plan départemental de gestion d’une vague chaleur. Météo France a placé mardi les deux départements de Corse en vigilance orange canicule. Le bassin méditerranéen est particulièrement touché par la vague de chaleur qui traverse l’hémisphère Nord.

Paris envoie deux Canadair en renfort en Grèce. La France va envoyer deux Canadair, un avion de reconnaissance et 18 personnels de la Sécurité civile en Grèce pour aider le pays à lutter contre les incendies qui ravagent la région d’Athènes depuis lundi, a annoncé le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin sur Twitter. L’arrivée des renforts, demandés par la Grèce, est prévue vers 20 heures. L’Italie fournira également deux avions, a indiqué la Sécurité civile.

Les vagues de chaleur multipliées par six depuis 1980 dans l’hémisphère Nord. «L’un des phénomènes notables que nous avons observé est que le nombre de vagues de chaleur simultanées dans l’hémisphère nord a été multiplié par six depuis les années 1980. Cette tendance ne montre aucun signe de diminution», a expliqué mardi John Nairn, expert auprès de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies, à l’occasion d’un point de presse régulier à Genève. «Je crains donc que nous ne soyons pas au bout de nos peines.»