Le Grand Morin et le Loir toujours en vigilance rouge. Dans son dernier bulletin, Vigicrues annonce le maintien des deux affluents en vigilance rouge, ainsi que le passage du Loir vendômois en vigilance orange, dans le département de Loiret. Toujours en orange, l’amont de l’Oise dans l’Asine, de l’Eure en Eure-et-Loir, de la Marne en Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne et de l’Huisne (Eure-et-Loir, Orne et Sarthe).

Evacuations à Crécy-la-Chapelle. La commune de Seine-et-Marne, où Libé était en reportage ce jeudi matin, a entamé une opération d’évacuation, après que son centre-ville a été plongé dans le noir en raison de l’immersion des transformateurs d’électricité. Des dizaines de personnes sont concernées, a indiqué la maire à BFM.

20 000 personnes toujours privées d’électricité. Quelque 20 000 clients (particuliers et entreprises) étaient encore privés d’électricité ce jeudi en début de soirée, contre 65 000 en début de journée, selon un point d’Enedis. «A 18 heures ce jeudi 10 octobre, nous recensons 20.000 clients qui étaient privés d’alimentation, particulièrement dans les Pyrénées-Atlantiques (7 400) et dans le Doubs (3 300)», a précisé Enedis dans un communiqué. Environ 70 % des 65 000 clients qui étaient encore privés d’alimentation à 8 heures ont été réalimentés, a précisé Enedis. «Des renforts sont arrivées dans les régions les plus touchées (Pyrénées-Landes, Alsace, Franche-Comté)», a ajouté l’entreprise.

Crue «forte» à «très forte» dans 164 communes. En Seine-et-Marne et en Seine-Saint-Denis, 20 communes sont concernées par un «risque de crue très forte», indique Vigicrues ce soir. Dans l’Eure-et-Loir, le Val-de-Marne, le Val-d’Oise, l’Aisne, l’Oise, l’Essonne, 144 communes pourraient encore connaître un «risque de crue forte».

Léger retour à la normale demain en Seine-et-Marne. Dans un communiqué publié en début de soirée, la préfecture de la Seine-et-Marne annonce que, «la situation météorologique se stabilisant», avoir décidé de «ne pas reconduire l’arrêté d’interdiction de circulation des transports à vocation scolaire» pour vendredi. L’objectif est de «permettre une desserte plus complète dans le département», indique le préfet. Les prévisions de Vigicrues vont dans ce sens, notamment pour La Pommeuse : «les précipitations prévues demain vendredi sont faibles ; elles n’entraveront pas les décrues».

A Bonneval, c’est la «désolation». A 17 heures, le Loir en Eure-et-Loir, atteignait à Bonneval une hauteur de 2,11 mètres, au-dessus du niveau enregistré durant la crue historique de janvier 1961 (1,95 m), selon le site de Vigicrues. «L’eau est arrivée en centre-ville», a déclaré à l’AFP Benjamin Legrand, dont la compagne tient une épicerie fine à Bonneval. «Je vis à Bonneval depuis des années, je n’ai jamais vu ça», souligne le quadragénaire joint par téléphone, dont les voisins «ont leurs maisons pleines d’eau». Un camping situé à 20 kilomètres au nord de la ville a également été touché. «Il y a eu jusqu’à un mètre d’eau, tous les mobil-homes ont été touchés. C’est la désolation», lâche un des gérants.

Les réflexes à adopter en cas d’inondations. Emprunter des routes inondées, oublier ses médicaments, ne pas débrancher ses appareils électriques… Dans la précipitation et face à l’urgence d’une montée des eaux soudaine, des erreurs peuvent être commises. Libération fait le point, avec des acteurs de terrain, sur les comportements à risque en cas d’inondation et ceux, au contraire, qui peuvent sauver des vies. Notre article ici.

Quatrième inondation dans le secteur de Pommeuse (Seine-et-Marne) depuis le début de l’année. Le Grand Morin a débordé au printemps, début août, fin septembre et en ce début octobre. Un phénomène exceptionnel, voire inédit localement. Ces derniers jours, les sols déjà gorgés d’eau, n’ont pas pu jouer leur rôle de tampon en raison de l’accumulation de mois humides depuis le début de l’année. «Il suffit de moins de pluie pour générer un ruissellement fort» sur des sols argileux qui ont déjà tendance à saturer rapidement, explique Jean Marie Mouchel, directeur du programme interdisciplinaire de recherche sur l’eau et l’environnement du bassin de la Seine (Piren-Seine). Des facteurs humains aggravent également la crue : le secteur est très agricole et comporte de nombreux fossés de drainage, ce qui accélère encore les écoulements. «Les nappes phréatiques sont à des niveaux très hauts et elles se déversent dans les rivières», explique aussi l’hydrogéologue Agnès Rivière. Elles participent donc à renforcer le débit des cours d’eau car elles y sont connectées sous terre. Par Margaux Lacroux

L’Eure-et-Loir et la Seine-et-Marne en vigilance rouge pour les crues. À 16 heures, Vigicrues dénombrait 21 communes en «risque de crue très forte», en Seine-et-Marne, Eure-et-Loir, Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise.166 communes sont, quant à elles, concernées par un «risque de crue forte» dans le Val-de-Marne, l’Essonne, les Yvelines, l’Eure, l’Oise et dans l’Aisne.

Vu de Coulommiers, en Seine-et-Marne.

Le changement climatique a bien intensifié Kirk. «La tempête a apporté des vents allant jusqu’à 150 km/h dans le nord de la France, y compris à Paris, et a provoqué des pluies torrentielles, avec 90 mm tombés près de Nantes en quelques heures seulement, entraînant des inondations généralisées et des fermetures de routes. Des régions comme le Centre-Val de Loire ont également subi des inondations importantes», rappelle le consortium de chercheurs de ClimaMeter ce jeudi. En analysant les données météorologiques de ces 40 dernières années, cette équipe a découvert que les dépressions similaires à Kirk sont désormais jusqu’à 20 % plus intenses et génèrent des vents jusqu’à 12 % plus forts sur la côte atlantique. Concernant Kirk, le changement climatique a joué «un rôle majeur dans l’amplification de cet épisode de fortes pluies, et que la seule variabilité climatique naturelle ne suffit pas à expliquer l’intensité de l’événement observé.» Cette tempête est ainsi un «signe clair de la manière dont le changement climatique, alimenté par les émissions de gaz à effet de serre, modifie notre climat, affirme Davide Faranda, directeur de recherche en climatologie au CNRS et spécialiste des événements météorologiques extrêmes. C’est un rappel que le changement climatique n’est pas un problème lointain - il nous affecte ici et maintenant.»

Crue record à Pommeuse. Dans le secteur de Pommeuse (Seine-et-Marne), les habitants ont à nouveau les pieds dans l’eau ce jeudi. Le Grand Morin, qui traverse la commune, a débordé pour la deuxième fois en deux semaines à cause des fortes précipitations charriées par l’ex-ouragan Kirk. En seulement 24 heures, le débit de la rivière a été multiplié par dix, ce qui a fait bondir de trois mètres la hauteur d’eau. La crue, pour l’heure à 3,70 mètres, est la plus forte jamais enregistrée en 50 ans de mesures. Elle dépasse de près de 30 centimètres le précédent record, établi le 1er juin 2016. «On n’a jamais vu ça. Normalement les crues fortes arrivent en décembre ou janvier, en octobre c’est très tôt. Depuis plusieurs mois, on a une séquence de pluie qui crée un impact beaucoup plus fort», signale Jean Marie Mouchel, directeur du programme interdisciplinaire de recherche sur l’eau et l’environnement du bassin de la Seine (Piren-Seine). Il ajoute : «Est-ce que c’est lié au changement climatique ? La réponse est oui, ça devient très clair». Car la surchauffe de la planète génère plus d’évaporation, ce qui génère des précipitations plus intenses et subites. L’eau de l’Atlantique anormalement chaude a aussi donné plus d’énergie à l’ouragan Kirk, qui a poursuivi sa trajectoire sous forme de tempête jusqu’en France. Par Margaux Lacroux.

L’Eure-et-Loir placée en vigilance rouge. «Le passage d’averses dans la soirée ainsi que des pluies continues et très soutenues associées à la dépression Kirk ont entraîné des réactions hydrologiques sur le Loir», écrit sur son site Vigicrues. En conséquence, Météo France a placé le département de l’Eure-et-Loir en rouge. «Les sols étant détrempés en raison des précipitations des dernières semaines, la montée des niveaux est particulièrement rapide», poursuit Vigiecrues, qui précise que la crue est «exceptionnelle pour la saison.»

Encore 48 000 personnes privées d’électricité. Quelque 48 000 de clients (particuliers et entreprises) sont encore privés d’électricité ce jeudi à la mi-journée, après le passage de la dépression Kirk et ses fortes pluies, selon un point du gestionnaire du réseau de distribution Enedis. «Il reste 48 000 clients non alimentés, dont 12 000 dans les Pyrénées-Atlantiques, 7 700 dans le Doubs et 5 000 dans le Jura», a précisé Enedis.

Des milliers de clients privés d’électricités dans les Pyrénées-Atlantiques mais aussi dans l’Est. En début de matinée ce jeudi, «nous recensons 65 000 clients qui étaient privés d’alimentation, particulièrement dans les départements suivants : les Pyrénées-Atlantiques (16 000), le Doubs (9 500), le Jura (4 900) et l’Ain (4 420)», détaille Enedis dans un communiqué. Un chiffre sensiblement similaire à celui de la veille au soir : quelque 65 000 foyers étaient alors privés d’électricité. L’exploitant tiendra un nouveau point de situation à 14 heures. Interrogé sur la remise en état du réseau, un porte-parole d’Enedis a indiqué que les situations étaient «très variables». «Nous avons un millier de collaborateurs sur le terrain, ainsi que les collaborateurs des sociétés prestataires qui s’occupent par exemple de l’élagage des arbres», a-t-il ajouté.

Kirk a-t-il été dopé par le réchauffement climatique ? «La dépression Kirk s’est formée dans les tropiques, au large de la côte Africaine. C’est ensuite devenu un ouragan, qui a atteint la catégorie 4 (sur 5)», écrit sur X Stella Bourdin, spécialiste de ces phénomènes météorologiques extrêmes à l’université d’Oxford (Royaume-Uni). En remontant vers le nord, Kirk s’est transformé en tempête «des moyennes latitudes». En cela, rien d’extraordinaire. «Ce qui est remarquable dans le cas de Kirk, c’est que d’une part il a atteint une intensité très forte en tant qu’ouragan, il a eu une trajectoire très à l’est du bassin Atlantique, et il a gardé ses caractéristiques tropicales très au nord», explique Stella Bourdin. Or, on sait que le réchauffement climatique rend les ouragans plus intenses, notamment à cause du réchauffement des océans, le carburant de ces monstres de vent. Et, depuis un an et demi, les océans du monde sont en surchauffe. Par ailleurs, une atmosphère plus chaude peut transporter jusqu’à 7 % d’humidité en plus par degré de réchauffement. De quoi engendrer des pluies diluviennes, comme celles qui se sont abattues sur la France cette nuit. Par Eléonore Disdero

A Pornic, une personne emportée par les eaux en voiture. Selon BFMTV, une personne qui s’était engagée sur une voie inondée en voiture a été emportée par un cours d’eau à Pornic, en Loire-Atlantique. Son pronostic vital est engagé.

Seine : une crue «modérée mais inhabituelle pour la saison». Selon Vigicrues, la Seine à Paris a connu mercredi soir «une hausse rapide liée aux pluies directes qui ont été très intenses». Le niveau du fleuve devrait repartir à la hausse durant la journée de jeudi et se stabiliser ou monter plus lentement durant la journée de vendredi. «Crue modérée mais inhabituelle pour la saison.»

À Crécy-la-Chapelle, on attend la vague. Après une nuit de pluie sans interruption, Crécy-la-Chapelle se réveille. Et les habitants ont les pieds partiellement dans l’eau. Le pire est à attendre selon Stéphanie, la cinquantaine. Elle prédit : «C’est l’eau qui est à Coulommiers qui va se déverser ici cet après-midi. C’est là qu’il faudra être vigilant.» Dans la petite ville, on s’affaire en attendant la vague. Les portes des maisons en contrebas de la rivière Grand Morin ont été calfeutrées. Les bottes et cirés sont de sortie chez les badauds qu’on croise. Tous partagent le même sentiment : un ras-le-bol mêlé de résignation. «C’est comme ça, c’est ça vivre à côté du Grand Morin» souffle un agent municipal, de l’eau jusqu’aux mollets. Par Charles Delouche-Bertolasi

Les transports parisiens perturbés. A Paris, un tronçon du RER E n’est plus desservi, et ce jusqu’à 12 heures au moins, à cause de l’ «inondation des installations du gestionnaire de réseau dans le tunnel» de la station Magenta. Dans le même temps, les lignes J et P du Transilien sont perturbées.