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Pétrole

Extraction et production de pétrole : BNP Paribas veut diviser par cinq ses financements d’ici à 2030

Quatre jours après une action d’activistes écolos, la banque BNP Paribas - premier financeur européen des énergies fossiles - a annoncé vouloir diviser réduire à «moins de un milliard d’euros» le montant de ses encours de crédits.
Lors d'une action d'associations écologistes sur le siège de BNP Paribas, vendredi, à Paris. (Sarah Meyssonnier /Reuters)
publié le 24 janvier 2023 à 19h53

La pression des activistes écologistes porte ses fruits. Quatre jours après que la BNP Paribas de l’opéra Garnier à Paris a été repeinte en noir par une quarantaine de militants et trois mois après avoir été mise en demeure par trois ONG, la banque a annoncé ce mardi dans un communiqué vouloir diviser par cinq ses financements au secteur de l’extraction et de la production de pétrole, en réduisant à «moins de un milliard d’euros» le montant de ses encours de crédits.

L’action menée la semaine dernière par Extinction rébellion, Fridays for Future ainsi qu’Attac visait justement à s’attaquer aux financeurs de TotalEnergies, dont la BNP Paribas, pour obtenir l’abandon de son méga projet de pipeline en Tanzanie et en Ouganda. Si cette banque ne finance pas directement ce projet, il reste un «partenaire historique de TotalEnergies», ont dénoncé les collectifs.

Fin octobre, ce sont les Amis de la Terre France, Oxfam France et Notre affaire à tous qui avaient assigné BNP Paribas en justice, l’accusant de financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers, en contradiction avec son «devoir de vigilance». La banque a jusqu’à jeudi pour adresser une réponse, suite à quoi les associations pourront décider de lancer une assignation.

Premier financeur européen des énergies fossiles

Entre 2016 et 2021, soulignent les ONG, BNP Paribas s’est positionné comme le «premier financeur européen et cinquième mondial du développement des énergies fossiles, avec 55 milliards de dollars de financements accordés». La banque est notamment le premier financeur mondial de Shell, Eni et BP et le deuxième financeur mondial de TotalEnergies. Des «liaisons très dangereuses», estime Lorette Philippot, chargée de campagne des Amis de la Terre.

La baisse annoncée par la BNP Paribas marque toutefois une forte accélération. La banque avait jusqu’à présent communiqué sur une diminution de 25 % à horizon 2025. Mais alors que les entreprises rivalisent désormais d’ingéniosité pour «verdir» leur image, il convient de rappeler que le raffinage et le gaz ne sont pas concernés par cette promesse.

Le groupe affirme par ailleurs ne pas avoir financé directement de nouveaux projets pétroliers depuis 2016. Toutefois, son soutien à des entreprises continuant de développer de nouveaux champs est en partie comptabilisé comme de l’exploration et de la production.

55 % d’énergies «bas carbone»

La banque, qui se targue d’avoir 55 % d’énergies «bas carbone» (énergies renouvelables, nucléaire et biofuel) dans son portefeuille de financement énergétique, contre 45 % d’énergies fossiles (pétrole et gaz majoritairement), prévoit une répartition 80-20 en 2030. BNP Paribas ambitionne ainsi de passer les encours de ses financements d’énergies bas carbone, «essentiellement renouvelables», à 40 milliards d’euros en 2030, contre 24,8 en septembre dernier.

Concernant le gaz, le groupe bancaire souhaite réduire de 30 % son encours de crédits, évalué à 5,3 milliards d’euros en septembre 2022, en réservant les financements «prioritairement aux centrales thermiques de nouvelle génération à bas taux d’émission ainsi qu’à la sécurité d’approvisionnement, terminaux gaziers et flotte de transport de gaz».